Critiqué pour son arrogance, Arnaud Montebourg, 51 ans, aux commandes du ministère français de l'Économie depuis le printemps, n'a cessé de multiplier les coups d'éclat jusqu'à provoquer lundi la chute du gouvernement.

Le bouillant ministre de l'Économie, du Redressement productif et du Numérique, connu pour ses talents de tribun, a été virtuellement exclu du gouvernement pour ses propos très critiques contre la ligne économique du gouvernement et la chancelière allemande Angela Merkel.

Le président François Hollande a demandé à son premier ministre Manuel Valls de former un nouveau gouvernement «en cohérence avec les orientations qu'il a lui-même définies pour notre pays» sans nommer le trouble-fête.

Ce n'est pas la première fois que cet avocat de métier, à la prestance naturelle et au physique avantageux, agace au sein de son propre camp. Au parti socialiste, certains critiquent depuis longtemps ce «prêcheur de morale», ses «outrances dans l'attaque».

L'opposition n'est pas tendre avec lui. «Il s'exprime avec tellement d'arrogance, donnant des leçons à la terre entière», a estimé l'ancien premier ministre François Fillon (UMP, droite).

Arnaud Montebourg avait assuré en juin «être bien» au sein du gouvernement, après un article du Nouvel Observateur lui prêtant l'intention d'une prochaine démission. «Il y a beaucoup de gens qui veulent que je démissionne et depuis longtemps», avait-il ironisé, attribuant ces rumeurs «à tous ceux» que son interventionnisme agaçait.

En 2011, il a comparé la chancelière allemande Angela Merkel à l'autoritaire chancelier prussien Bismarck. «Bruxelles? Des connards», a-t-il affirmé au Monde magazine en 2013. Il s'est vanté d'en «avoir mis une» à Lakshmi Mittal, patron du géant sidérurgique, ArcelorMittal.

Défenseur du «Made in France»

Il explosa un jour devant l'ex-premier ministre Jean-Marc Ayrault alors que ce dernier écartait l'idée d'une nationalisation des hauts-fourneaux en Lorraine : «Tu gères la France comme le conseil municipal de Nantes». M. Valls avait alors indiqué que, premier ministre, il n'aurait sans doute pas gardé un tel ministre à son poste.

Né le 30 octobre 1962 à Clamecy (Nièvre, centre), fils d'un boucher et d'une professeure aux origines algériennes, il se fait connaître comme avocat en menant bataille contre le premier ministre de droite de l'époque, Alain Juppé, dans l'affaire de son appartement loué à prix modique à la ville de Paris en 1995.

Militant actif du PS depuis 1981, élu député de Saône-et-Loire (centre) en 1997, il tente en vain, en 2001, en pleine cohabitation, de faire comparaître Jacques Chirac devant la Haute cour de justice.

Avec Vincent Peillon, il fonde au sein du parti un courant, le Nouveau Parti socialiste (NPS), qui obtient près de 17 % des voix au Congrès de 2003, avec un mot d'ordre : plus de pouvoir au Parlement. Il vote «non» à la Constitution européenne en 2005.

Porte-parole pour la présidentielle 2007 de Ségolène Royal, il est suspendu un mois de... parole : il a dit que le seul défaut de la candidate socialiste était son compagnon, un certain... François Hollande. C'est lui aussi qui surnomma le président actuel de «Flanby», du nom d'un flan au caramel.

En 2011, lors des primaires socialistes pour la présidentielle (dont il fut un des théoriciens), il se hisse à la troisième place en axant sa campagne interne, très à gauche, sur la «démondialisation», soit, selon ses adversaires, un néo-protectionnisme qui ne dit pas son nom. Il tient alors un discours virulent à l'égard du patronat, allant jusqu'à dire que Lakshmi Mittal n'était pas le bienvenu en France.

«Dans une période de crise et d'affaissement, on me reprocherait mon inaction, mon silence», se défend l'intéressé, en appelant au patriotisme économique. Depuis 2012, il a défendu sans relâche et avec fougue le «made in France» et l'industrie nationale.

Séparé, père de deux enfants, Arnaud Montebourg a été le compagnon de la journaliste Audrey Pulvar.