Une parlementaire française proche de Nicolas Sarkozy a créé la polémique en dénonçant comme une «atteinte» à la culture française la présence d'une femme voilée sur une plage, opposant cette image à celle de l'ancienne «pin-up» Brigitte Bardot en bikini.

Nadine Morano, députée européenne UMP (droite) et ancienne ministre du Travail, a posté lundi sur son compte Twitter la photographie d'une femme tout habillée et la chevelure couverte d'un foulard islamique, assise sur une plage, assortie d'un long commentaire.

«À la vue de cette scène, on ne peut s'empêcher de ressentir une atteinte à notre culture qui heurte en matière d'égalité homme-femme», a-t-elle écrit, publiant en contrepoint une photographie datant des années 1960 de l'ancienne actrice Brigitte Bardot, «sex-symbol» de toute une génération.

«Lorsqu'on choisit de venir en France, État de droit, laïc, on se doit de respecter notre culture et la liberté des femmes. Sinon, on va ailleurs !!», a ajouté Mme Morano, habituée des déclarations à l'emporte-pièce. Elle a cependant reconnu que la femme ne contrevenait pas à la loi, qui interdit seulement que le visage soit masqué.

Alors qu'Abdallah Zekri, président de l'observatoire national contre l'islamophobie, rappelait que «les libertés de conscience et de croyance sont des droits constitutionnels», Nadine Morano est revenue à la charge mardi en appelant à la création d'un «observatoire du respect de la culture française».

«La culture française, c'est l'égalité entre les hommes et les femmes», a-t-elle déclaré.

Tandis que les réseaux sociaux s'enflammaient, le député socialiste (majorité) Jean-Marc Germain a estimé que Nadine Morano représente «la pire des droites», «celle qui rejette l'autre, qui considère que quand on est musulman, on n'est pas un bon Français».

«On a le droit de se promener dans la tenue qu'on souhaite sur les plages», a aussi réagi la députée UMP Valérie Pécresse.

Embarrassé, le secrétaire d'État socialiste aux Affaires européennes Harlem Désir a dit lui «comprendre» la réaction de Nadine Morano tout en rappelant «au respect des règles de droit».

Quant à Florian Philippot, vice-président du Front national, il a rappelé que son parti d'extrême droite demandait la suppression des «signes religieux ostensibles» dans l'espace public.

Sur le site du magazine Nouvel Observateur, le sociologue Jean Baubérot, spécialiste de la laïcité, voit dans cette affaire une «perversion» de la laïcité de plus en plus fréquente selon lui en France, et rappelle qu'elle «n'est pas la répression des religions».

En juillet, le maire de Wissous, dans la banlieue de Paris, avait interdit à plusieurs femmes portant le foulard islamique l'accès à une plage gérée par la municipalité au bord d'un étang. La justice administrative a suspendu cette mesure.