Des milliers de manifestants propalestiniens ont défilé mercredi soir dans le calme à Paris, une manifestation autorisée mais très encadrée, quelques jours après deux rassemblements interdits qui avaient dégénéré, y compris en violences antisémites.

Ils étaient 14 500, d'après la préfecture de police et 25 000 selon Taoufiq Tahami, président de l'Association France Palestine Solidarité, l'un des organisateurs, sur la rive gauche. Le défilé s'est dispersé aux Invalides autour de 21h00.

Quelques rares frictions ont rapidement été cadrées par un service d'ordre réactif, sous les applaudissements de manifestants, selon des journalistes de l'AFP.

Dans le cortège, des sympathisants étaient revêtus d'un drapeau palestinien ou de keffiehs, d'autres arboraient un simple autocollant: «Boycottons Israël».

«Nous voulons parler politique, pas de Sarcelles ou de Barbès. Nous voulons donner la preuve que nous sommes des gens responsables», a déclaré M. Tahami.

«Israël assassin, Hollande démission!» et «Vive la Palestine, vive la résistance», a scandé la foule. Samira Cheblal, employée médicale, est venue pour dire «stop aux massacres d'enfants et de civils».

Plusieurs personnalités politiques dont l'ex-ministre écologiste Dominique Voynet, le coprésident du Parti de Gauche Jean-Luc Mélenchon, et plusieurs députés socialistes étaient présents.

Ce rassemblement avait été autorisé car les organisateurs, le Collectif national pour une paix juste et durable entre Palestiniens et Israéliens, regroupement d'associations, de syndicats et de partis, «veulent une manifestation pacifique», avait justifié le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve.

François Hollande avait réaffirmé en Conseil des ministres qu'il était de la responsabilité de l'État «de faire respecter l'ordre républicain».

Le défilé était placé sous très haute surveillance. Quatre organisations de gauche - dont le syndicat CGT, la NPA, le Parti de gauche et le Parti communiste (PCF) - ont assuré le service d'ordre, avec le soutien de «plus de 1000 policiers en tenue et en civil», selon une source policière.

Plus tard dans la soirée, dans un autre quartier de Paris, dans le Marais, 16 personnes ont été interpellées après avoir proféré des insultes antisémites dans un restaurant situé près du quartier juif de la rue des Rosiers, selon une source policière.

Ces 16 personnes, dont la majorité sont des mineurs, sont soupçonnées d'avoir commis des «dégradations» dans ce restaurant du Marais, dans le centre de Paris, et d'avoir proféré des «insultes antisémites», selon cette source.

Les personnes interpellées criaient «mort aux juifs» et «Israël assassin», a raconté à l'AFP une témoin de la scène.

Alors que l'offensive israélienne à Gaza a fait plus de 700 morts côté palestinien et 34 côté israélien, des dizaines de rassemblements ont eu lieu dans toute la France.

Enfants tués à Gaza 

«Non à la barbarie sioniste», criaient certains sympathisants à Toulouse (sud), tandis qu'à Bordeaux, une minute de silence a été observée «en hommage aux martyrs».

A Lyon (centre-est), 1500 à 2000 personnes défilaient. Certaines se sont couchées sur le sol «pour symboliser les victimes de l'offensive israélienne», a expliqué Lila Mami, vice-présidente du collectif Palestine 69. Il y en avait presqu'autant à Lille (nord). A Strasbourg (est), une centaine de personnes ont porté du blanc, brandissant une pancarte avec le nom d'un enfant tué à Gaza.

Fallait-il interdire les manifestations pour éviter qu'elles ne dégénèrent? La question continuait de diviser.

Selon un sondage Ifop pour le quotidien Le Figaro publié mercredi, une majorité de Français (62%) se déclare «plutôt favorable» à l'interdiction de ces manifestations car elles s'accompagnent de violences.

Répondant aux critiques, venant notamment de l'UMP (droite, opposition) mais pas seulement, le ministre de l'Intérieur a justifié les interdictions en raison de «risques de troubles à l'ordre public», mais affirmé que «la liberté de manifester est la règle».

Un autre rassemblement de soutien aux Palestiniens a été annoncé samedi à Paris à l'appel des organisations qui avaient déjà appelé à manifester samedi dernier malgré l'interdiction.

A Pontoise, au nord de Paris, la justice a condamné mardi à de la prison ferme quatre jeunes interpellés dimanche à Sarcelles, en banlieue parisienne, où la manifestation interdite avait viré en émeutes urbaines aux relents antisémites.

A Paris, le parquet, qui demandait de la prison ferme, a fait appel de toutes les peines avec sursis prononcées par le tribunal à l'encontre des mis en cause dans les violences dans le quartier de Barbès à Paris samedi.