La livraison de navires de guerre français à la Russie est «totalement inappropriée» en raison du rôle de Moscou dans la crise ukrainienne, a estimé mardi la diplomatie américaine.

La Maison-Blanche a rappelé de son côté que «le président (Barack Obama) s'est rendu à Bruxelles en juin et a fait part de ses inquiétudes quant à la vente de cet équipement militaire aux Russes».

Les responsables américains ont à plusieurs reprises exprimé leur opposition à la vente par Paris à Moscou de deux bâtiments de guerre de type Mistral.

«Nous estimons que personne ne devrait fournir d'armes à la Russie», a souligné devant des journalistes une porte-parole du département d'État Marie Harf.

«Il s'agit d'une question de bon sens», a renchéri Josh Earnest, le porte-parole de la Maison-Blanche, lors de son propre point de presse quotidien.

«Nous avons suffisamment de preuves sur le fait que les Russes bafouent les règles internationales et soutiennent les efforts pour violer l'intégrité territoriale de pays souverains indépendants», a-t-il insisté.

«Cela ne semble vraiment pas le bon moment de leur fournir des systèmes d'armes sophistiqués», a-t-il noté, assurant que les États-Unis allaient «continuer à travailler en étroite collaboration avec les Britanniques, les Français, les Allemands et d'autres pour coordonner les efforts afin d'isoler davantage le régime russe».

Les Mistral sont des bâtiments dits de projection et de commandement, qui non seulement disposent d'une flotille d'hélicoptères mais permettent également d'embarquer plusieurs centaines de militaires et leur matériel, y compris des blindés lourds et de les amener sur zone grâce à des chalands. Ces navires disposent également de moyens électroniques sophistiqués pour servir de poste de commandement à des opérations interarmées.

La livraison du deuxième navire Mistral à la Russie «dépendra de l'attitude» de Moscou dans le conflit ukrainien, a averti lundi soir le président français François Hollande.

S'agissant du premier bâtiment Mistral, «le marché a été conclu en 2011, le bateau est quasiment achevé et doit être livré en octobre», a-t-il déclaré lors d'un dîner à Paris.

«Le reste du contrat pourra-t-il être honoré» avec la livraison du 2e Mistral? «Cela dépendra de l'attitude de la Russie, je le dis très clairement. Mais à ce stade, il n'y a pas de sanction décidée qui nous obligerait à renoncer» à ce contrat, a-t-il dit.

Concernant la livraison du premier Mistral, le chef de l'État a assuré qu'en tout état de cause, elle aurait bien lieu. «Les Russes ont payé. Il faudrait qu'on rembourse 1,1 milliard d'euros» si le bateau n'était pas livré.