L'ancien président français Nicolas Sarkozy est visé par une nouvelle enquête liée aux comptes de sa campagne présidentielle de 2012, la justice devant déterminer la légalité de la prise en charge par son parti des pénalités infligées au candidat pour le dépassement du plafond de dépenses autorisé.

M. Sarkozy, mis en examen mercredi pour corruption et cité dans plusieurs dossiers judiciaires, voit ainsi surgir un nouvel obstacle à son éventuel retour en politique.

Le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire sur le paiement par son parti, l'UMP, des pénalités qui lui ont été infligées après l'invalidation des comptes de sa campagne 2012, a-t-on appris lundi de source judiciaire.

Ouverte le 2 juillet, cette enquête vise un éventuel «abus de confiance» au préjudice de l'UMP, qui avait réglé la facture à la place du candidat. Les investigations ont été confiées à l'Office anticorruption (OCLCIFF) de la police judiciaire.

Cette enquête trouve son origine dans l'invalidation des comptes de sa dernière campagne, en raison du dépassement des dépenses autorisées.

Le 19 décembre 2012, la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP) avait jugé que M. Sarkozy avait dépassé de 363 615 euros (526 078 $) le plafond de dépense autorisé (fixé à 22 509 000 euros, soit 32 566 021 $). Le candidat malheureux de la droite n'avait pas eu droit au remboursement d'une partie de ces frais par l'État. Il avait dû en outre rembourser l'avance forfaitaire de 153 000 euros (221 000 $) à laquelle il avait eu droit, et payer une pénalité équivalente au montant du dépassement.

L'UMP avait alors lancé une souscription pour payer les frais de campagne, mais avait aussi payé la pénalité. La direction intérimaire de l'UMP récemment mise en place après la démission de son président, Jean-François Copé, estime que celle-ci aurait dû l'être par le candidat lui-même.

Les comptes de campagne de M. Sarkozy sont déjà entre les mains de trois juges financiers qui enquêtent sur des soupçons de surfacturation de certains frais par une société de service, Bygmalion, ainsi que de double comptabilité, une partie des frais engagés par l'équipe de campagne du candidat ayant été mise au débit de l'UMP. Ce stratagème aurait permis un dépassement des dépenses engagées de l'ordre de plusieurs millions.

Mercredi, après une quinzaine d'heures de garde à vue - mesure sans précédent pour un ancien président -, M. Sarkozy avait été mis en examen notamment pour corruption et trafic d'influence actifs. Il est soupçonné avec son avocat, Thierry Herzog, d'avoir tenté d'obtenir des informations soumises au secret auprès d'un haut magistrat de la Cour de cassation, Gilbert Azibert, sur une autre procédure judiciaire le concernant.