Tous les enseignants seront formés en France à partir de la rentrée à transmettre les valeurs d'égalité entre filles et garçons, ont annoncé les ministres de l'Éducation et des Droits des femmes.

«Dès la rentrée (...), la formation initiale de tous les professeurs s'enrichira d'un module consacré à l'égalité» entre les sexes, a déclaré le ministre de l'Éducation Benoît Hamon au quotidien Le Parisien de lundi, en estimant que cela concernerait 30 000 personnes.

«Pour les enseignants déjà en exercice, nous l'intègrerons dans la formation continue», ce qui pourrait représenter «potentiellement 330 000 enseignants du premier degré», a-t-il ajouté dans un entretien croisé avec la ministre des Droits des femmes Najat Vallaud-Belkacem.

Une «mallette pédagogique» sera également mise en ligne pour aider les enseignants sur «la base des modules des ABCD évalués par l'inspection générale comme étant les plus pertinents», selon le ministre de l'Éducation.

Les ABCD de l'égalité, menés dans 600 classes volontaires depuis la Toussaint pour déconstruire les stéréotypes filles-garçons, devaient être généralisés à la rentrée 2014 après évaluation.

Des mouvements d'extrême droite, appelant à boycotter l'école, ainsi que des opposants au mariage homosexuel ont accusé ces modules de chercher à nier les différences sexuelles au nom d'une prétendue «théorie du genre».

La polémique a donné lieu à toutes sortes de rumeurs infondées, sur des garçons obligés de porter des robes ou des cours de masturbation en maternelle.

«Il faut démystifier ce que certains ont raconté et qui n'a strictement rien à voir avec ce qui s'est passé dans les classes», a rétorqué Benoît Hamon, en promettant de ne pas se «laisser intimider».

Si le gouvernement abandonne «l'étiquette» ABCD de l'égalité, son nouveau «plan d'action» est «sans équivalent», a-t-il assuré.

Sa collègue chargée des Droits des femmes a toutefois jugé que «l'une des choses les plus importantes» était que «les parents comprennent de quoi il s'agit».

Pour éviter les malentendus, le gouvernement «prévoit que les établissements scolaires devront inscrire cette question de l'égalité dans leur projet éducatif, ce qui permettra de la faire partager aux parents et en conseil d'école ou d'établissement», a dit Najat Vallaud-Belkacem.

Selon elle, il faut distinguer «les rumeurs insensées doublées de manipulations regrettables» et «les interrogations légitimes sur ce que l'école doit apprendre aux enfants». Mais, a-t-elle estimé, l'école a bien pour rôle «de lutter contre les préjugés et les déterminismes.»