Contraindre quelqu'un à se marier en Angleterre et au Pays de Galles est, depuis lundi, passible de sept ans de prison, avec l'entrée en vigueur d'une nouvelle législation.

Le mariage forcé a été érigé en infraction pénale par le «Anti-Social Behaviour, Crime and Policing Act 2014», qui en condamne la pratique sur le sol britannique, mais également à l'étranger. Des jeunes sont parfois emmenés dans le pays d'origine de leur famille, en Asie principalement, où ils sont mariés sans leur consentement.

Le Royaume-Uni disposait jusqu'à présent de plusieurs outils juridiques tels que la possibilité pour les tribunaux d'émettre des ordonnances de protection ainsi qu'une unité d'assistance spécifique pour les cas de mariage forcé.

«La criminalisation (qui entre en vigueur) aujourd'hui est un pas supplémentaire de la part du gouvernement pour s'assurer que les victimes sont protégées par la loi et qu'elles ont l'assurance, la sécurité et la liberté de choisir», a déclaré la ministre de l'Intérieur Theresa May.

Le texte interdit d'exercer une pression physique, psychologique, financière, sexuelle ou émotionnelle dans le but d'aboutir à un mariage - civil ou religieux - non consenti par l'un des époux ou les deux. Quant aux personnes inaptes à consentir elles-mêmes à un mariage, toute incitation, même sans violence et sans pression, est perçue comme un délit.

Certains militants mettent néanmoins en garde contre les effets contre-productifs de ces nouvelles mesures. «Les victimes vont être vraiment réticentes à agir si cela peut conduire à l'emprisonnement de leurs parents ou d'autres membres de la famille», a précisé au Telegraph Shereen Williams de la fondation Henna qui vient en aide aux victimes de mariages forcés depuis une quinzaine d'années.

Ce changement de législation avait été annoncé par le premier ministre David Cameron en 2012. Il avait alors qualifié les mariages forcés «d'odieux», les comparant à une forme d'«esclavage».

Le gouvernement britannique a également ratifié la Convention d'Istanbul contre la violence à l'égard des femmes, qui demande aux signataires d'ériger en infraction pénale «le fait, lorsqu'il est commis intentionnellement, de forcer un adulte ou un enfant à contracter un mariage».

L'unité d'assistance créée en 2005 (Forced Marriage Unit) a traité l'année dernière 1302 cas de mariages forcés (menaces ou unions déjà actées). Les victimes étaient des femmes dans 82 % des cas, contre 18 % d'hommes. Les deux tiers (73 %) étaient âgés de moins de 21 ans. Sur le nombre total de cas, 97 impliquaient des victimes handicapées.

Les différents cas traités avaient des liens avec 74 pays, notamment le Pakistan (42,7 %), l'Inde (10,9 %) et le Bangladesh (9,8 %).