L'Église doit «surprendre» et ne pas hésiter à «mettre la pagaille», refusant d'être «un élément décoratif» dans la société, a affirmé dimanche le pape François sur la place Saint-Pierre, à l'occasion de la Pentecôte, fête de «l'Esprit Saint».

«L'Église doit surprendre. Une Église incapable de surprendre est une Église faible, malade, mourante, elle a besoin d'être hospitalisée au service de réanimation», a lancé le pape argentin très en verve, quelques heures avant de recevoir au Vatican les présidents israélien Shimon Peres et palestinien Mahmoud Abbas pour une rencontre de prière pour la paix.

La place Saint-Pierre, sous un chaud soleil, était noire de monde. Le pape avait auparavant célébré dans la basilique Saint-Pierre une grande messe solennelle.

Troisième fête chrétienne, la Pentecôte commémore, selon la tradition, le moment après Pâques où les apôtres ont reçu les dons de l'Esprit Saint qui leur ont permis d'évangéliser. Elle marque la naissance de l'Église.

Le pape a renouvelé dimanche l'invite qu'il avait faite en juillet à Rio aux jeunes catholiques argentins à «hacer luo» (faire le désordre, la pagaille) pour faire bouger les choses, dans l'Église et la société.

«Certains à Jérusalem auraient préféré que les disciples de Jésus restent chez eux, bloqués par la peur, pour ne pas créer la pagaille. L'Église de la Pentecôte est une Église qui ne se résigne pas à être inoffensive, simple élément décoratif. Elle n'hésite pas à sortir pour annoncer un message qui lui a été confié, même si ce message perturbe et inquiète», a-t-il martelé, en remarquant que ce message apportait souvent «des problèmes», voire «le martyre», pour ceux qui l'annoncent.

«L'Église embrasse le monde sans le capturer», a-t-il ajouté, désignant la colonnade du Bernin qui entoure la place Saint-Pierre: «deux bras qui s'ouvrent pour accueillir, mais ne se referment pas pour emprisonner». «Nous sommes libres, et l'Église veut être libre», a-t-il insisté.