En France, l'Assemblée nationale a rejeté lundi un amendement à la loi sur la famille proposé par des députés écologistes et qui visait à interdire les châtiments corporels et les violences physiques à l'endroit des enfants. Le gouvernement a promis d'en reparler dans quelques mois, dans le cadre d'un autre projet de loi sur la protection de l'enfance. D'ici là, la fessée, c'est encore O.K.

Quoi? La fessée est encore permise en France?

Oui. En fait, c'est le second échec des anti-fessées français. Ils avaient tenté de faire modifier la loi sur la famille une première fois en 2010, une initiative de l'ex-députée UMP et pédiatre, Edwige Antier. Cette fois, on a reporté le débat à l'automne prochain.

Mais qu'est-ce qu'ils ont ces Français à vouloir gifler leurs enfants?

Pour eux, administrer une claque à sa progéniture est une marque d'autorité parentale qui doit être laissée à la discrétion des parents. Ils estiment que l'État ne devrait pas intervenir dans la manière dont on éduque les enfants. Cela dit, la France est un des rares pays d'Europe à ne pas avoir acquiescé aux recommandations du Conseil de l'Europe - 32 pays ont interdit les châtiments corporels au cours des dernières années.

Avec raison! On s'entend que frapper son enfant est totalement injustifiable!

Justement, pour se justifier, les professées citent le (controversé) pédiatre italien Aldo Naouri, un des rares professionnels de la santé à affirmer que la fessée peut être structurante pour un enfant... Selon lui, il faut faire une différence entre violence et autorité...

Et personne ne se porte à la défense de ces pauvres petits?

Oui, des voix s'élèvent, comme celle de l'association Ni claques ni fessées. Ou encore, celle du juge pour enfants Jean-Pierre Rosenczveig, qui a déposé en janvier dernier un rapport de près de 300 pages pour de l'interdiction de la fessée intitulé: De nouveaux droits pour les enfants? Oui... dans l'intérêt même des adultes et de la démocratie.

Donc, la gifle, chez les Français, ce serait culturel?

Disons que c'est mieux accepté qu'ici. Administrer une baffe ou une torgnole (une gifle qui fait tournoyer, rien de moins!) à son rejeton n'a rien de honteux. Un sondage réalisé en 2009 par la firme TNS-Sofres montrait que 82% des Français «étaient hostiles à une loi interdisant la fessée»; 67% en avaient déjà administré une, et 45% affirmaient qu'elle apprend à l'enfant le respect et l'autorité.

Heureusement que le Canada, lui, ne tolère pas cette pratique archaïque...

Euh, justement... il y a controverse au Canada aussi en matière de châtiments corporels. L'article 43 du Code criminel fournit en quelque sorte un argument à la défense des parents et même des enseignants qui «utilisent une force raisonnable pour corriger un enfant». Plusieurs défenseurs des droits des enfants demandent l'abrogation de l'article 43, mais d'autres le défendent en affirmant que «personne ne devrait faire l'objet de poursuites criminelles pour avoir infligé des mesures disciplinaires dans un but éducatif».

Cet article, il date de quand?

D'il y a 110 ans! Et lors de son adoption, il ne visait pas seulement les enfants. Il permettait également de frapper des prisonniers et même sa conjointe. Inutile de dire qu'aujourd'hui, il est désormais interdit de corriger physiquement sa conjointe ou son employé.