Au plus vif de la course contre la montre pour aider les victimes des pires inondations depuis un siècle en Serbie, les secouristes ont fait preuve d'une solidarité sans faille et n'ont pas abandonné les animaux de compagnie à leur sort.

Dans le village de Drazevac, le jardin de Vesna Prokopljevic, transformé en refuge de fortune, abrite 70 chiens que les secouristes ont pu évacuer d'Obrenovac, ville toute proche entièrement submergée par les flots, qui a été abandonnée par la plupart de ses 20 000 habitants.

Situé en haut d'une colline, Drazevac a été épargné par les flots.

Bergers allemands, golden retrievers, terriers, griffons, mais aussi des corniauds se côtoient et jouent ensemble dans ce jardin en attendant d'être récupérés par leurs maîtres.

«Ils étaient traumatisés, apeurés, couverts de boue. Nous leur avons donné de la nourriture, de l'eau et nous les avons câlinés», raconte cette femme d'une cinquantaine d'années.

Quand Obrenovac, à une quarantaine de km de Belgrade, a été frappé le weekend dernier, les propriétaires de ces chiens ont été évacués à la hâte, n'emportant que le strict minimum, ou, plus souvent encore, rien du tout.

Amoureuse des chiens, Vesna avait fait construire à ses frais il y a plusieurs années sur sa propriété un chenil où elle accueillait les chiens errants d'Obrenovac.

C'est ainsi que, logiquement, des chiens évacués ont été amenés chez elle.

Chez Vesna, le visiteur, accueilli par une cacophonie d'aboiements, se retrouve consciencieusement reniflé par des chiens venus à sa rencontre.

«Nous sommes heureux de sauver un animal et de le réunir avec son propriétaire»

Mais certains, plus âgés, ne prennent même pas la peine de se déplacer. Ils lèvent la tête, jetant un regard vers le visiteur avant de la reposer sur le sol, déçus d'avoir compris que l'heure des retrouvailles n'était pas encore venue pour eux.

«Ils sont pleins d'espoir de revoir leur maître», dit Vesna qui compte sur l'aide de plusieurs amis et volontaires.

Elle se dit prête à continuer d'héberger les chiens, afin de donner à leurs maîtres - qui ont souvent tout perdu et sont logés dans des centres d'accueil -, le temps de résoudre la question de leur logement.

Et sachant que de nombreux sinistrés sont désormais démunis, «chaque propriétaire qui retrouve chez nous son ami à quatre pattes, reçoit en nous quittant de la nourriture, des médicaments et une laisse pour son chien», explique-t-elle.

À Drazevac, ceux qui souhaitent récupérer leurs chiens doivent prouver qu'ils en sont effectivement les propriétaires, assure Milan Cosic, un policier à la retraite qui aide les Prokopljevic.

«Dans le pire des cas, on peut au moins observer si le chien reconnaît son maître, c'est souvent très chargé d'émotion», raconte Milan.

«Une femme a fondu en larmes lorsque son chien l'a reconnue et s'est mis à aboyer joyeusement», se rappelle-t-il.

Certains voudraient récompenser les Prokopljevic pour avoir accueilli leur animal, mais tout cadeau est prohibé.

«Nous sommes seulement heureux de sauver un animal et de le réunir avec son propriétaire», dit Vesna.

À Obrenovac même, des vétérinaires de Belgrade ont constitué des équipes chargées de secourir et évacuer les animaux de compagnie restés bloqués dans cette ville toujours inondée et interdite d'accès par la police.

Les propriétaires ont été invités à leur apporter les clés de leurs appartements et maisons ainsi que leurs adresses.

«Ce matin nous avons sauvé quatre chats, huit chiens et un vison (...) et d'autres viendront», a indiqué à l'AFP un vétérinaire, Sreten Kostic.