Les Britanniques et les Néerlandais votaient jeudi, donnant le coup d'envoi d'élections européennes qui s'annoncent marquées par la montée des partis europhobes et populistes avec la crainte d'une forte abstention.

Étalées sur quatre jours dans les 28 pays de l'Union européenne, ces élections dont les résultats seront communiqués dimanche soir sont destinées à désigner pour cinq ans les 751 députés du Parlement européen. Elles pourraient voir les partis opposés à l'UE réaliser des scores historiques dans plusieurs pays-clés.

C'est le cas au Royaume-Uni, où le UKIP, parti anti-immigration et europhobe de Nigel Farage, fait figure de favori.

«Si nous obtenons ce que nous voulons, les choses ne seront jamais plus comme avant», a déclaré aux journalistes le dirigeant populiste, avant de voter dans une école primaire de Westerham, au sud-est de Londres.

Les électeurs britanniques, qui ont commencé à voter dès 2h00 (heure de Montréal), après les Néerlandais, doivent désigner 73 députés européens. Ils votent également pour des élections locales, qui font l'objet d'une attention particulière, à un an des élections générales.

Les résultats officiels des européennes seront connus en même temps dans tous les pays membres, une fois les bureaux de vote italiens fermés dimanche à 17h00 (heure de Montréal), mais des sondages réalisés à la sortie des bureaux de vote seront publiés aux Pays-Bas dès jeudi soir.

James Donhaughly, 66 ans, vote UKIP : «Comment peut-on faire venir plus de gens alors qu'il n'y a pas assez d'emplois pour les Britanniques?», s'indigne-t-il auprès de l'AFP.

Dans ce pays en proie à un regain d'euroscepticisme le parti de Nigel Farage est donné vainqueur devant l'opposition travailliste, tandis que les conservateurs sont relégués en troisième position et leurs alliés libéraux-démocrates au gouvernement en quatrième voire cinquième place.

Pour le dirigeant populiste, les chiffres officiels diffusés jeudi, qui montrent une hausse de 27% de l'immigration européenne au Royaume-Uni, sont tombés à point nommé : «On ne peut pas continuer avec des chiffres pareils», s'est-il exclamé.

Outre-Manche, cette question est aussi revenue dans le débat jeudi avec une tribune de l'ancien président français de droite Nicolas Sarkozy, qui a fustigé «un dumping social et migratoire» en Europe.

Le «Parti de l'indépendance du Royaume-Uni», qui détient neuf sièges de députés européens, pourrait en gagner plus d'une dizaine supplémentaires, selon des prévisions d'analystes.

Si le UKIP n'a pour l'instant aucun député à la Chambre des communes, ce parti anti-establishment grignote l'électorat de David Cameron. Et renforce la pression eurosceptique sur le premier ministre qui s'est engagé à organiser un référendum sur l'appartenance de son pays à l'UE d'ici à la fin 2017 s'il était réélu.

Aux Pays-Bas, pays qui n'envoie que 26 élus au Parlement européen et où le scrutin est loin de déchaîner les passions, le chef du Parti pour la Liberté (PVV), le député anti-islam et eurosceptique Geert Wilders a appelé jeudi les électeurs à se mobiliser.

«Nous avons besoin d'un autre discours, et pas uniquement celui des europhiles de Bruxelles», a lancé aux journalistes le dirigeant à la chevelure blond platine, qui ne se présente pas à titre personnel au Parlement européen.

«Si beaucoup de gens vont voter, nous serons les premiers à en bénéficier», a ajouté Wilders, dont le parti, à la différence de l'UKIP, a conclu une alliance avec le Front National français.

Le PVV, qui a pour ambition de détruire de l'intérieur «le monstre de Bruxelles», fait la course en tête dans les sondages aux côtés des libéraux du premier ministre Mark Rutte et des centristes de D66.

Le PVV reste toutefois isolé aux Pays-Bas, la plupart des autres partis et électeurs étant sensibles au fait que les Pays-Bas ne peuvent se passer de bonnes relations commerciales avec leurs voisins.

«Si vous êtes contre l'Europe, c'est que vous ne disposez pas des bonnes informations», tranche ainsi Marja Bijleveld, une fonctionnaire de 64 ans, qui a été la première à voter dans le bureau de la gare de La Haye.

Des taux d'abstention record sont attendus pour ces élections européennes, qui se poursuivront vendredi en République tchèque et en Irlande, samedi en Lettonie, à Malte et en Slovaquie, et s'achèvent dimanche dans les 21 autres pays de l'UE.

L'abstention, qui n'a cessé d'augmenter depuis 1979, était de 57% au dernier scrutin en 2009.