L'ancien chef militaire des Serbes de Bosnie Ratko Mladic a commencé lundi sa défense, appelant à la barre un ancien officier qui a assuré que les actes de ses troupes ne constituaient que de la légitime défense pendant le siège sanglant de Sarajevo.

«Toutes nos activités étaient des activités de défense», a assuré Mile Sladoje, ancien commandant de brigade puis de bataillon en 1993 et 1994, dans une déclaration lue aux juges par l'un des avocats de Ratko Mladic, Miodrag Stojanovic.

«Il y avait des ordres, on ne pouvait ouvrir le feu qu'en riposte aux tirs de l'ennemi», a-t-il également assuré, lors de l'ouverture de la présentation des éléments à décharge, qui devrait durer plusieurs mois.

Ratko Mladic, qui a salué le témoin à son entrée dans la salle d'audience, est accusé par le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY) d'avoir entrepris le nettoyage ethnique d'une partie de la Bosnie, en vue de créer un État serbe ethniquement pur.

À 72 ans, il doit répondre de 11 chefs d'accusation de génocide, crimes contre l'humanité et crimes de guerre, présumés commis lors de la guerre de Bosnie (1992-1995), qui a fait plus de 100 000 morts et 2,2 millions de déplacés.

«Pas de snipers»

Ratko Mladic doit notamment répondre du siège de Sarajevo, long de 44 mois et au cours duquel 10.000 civils avaient été tués, fauchés par des tirs de mortiers tirés depuis les hauteurs qui entourent la ville, ou cibles de tirs de snipers.

«Nous ne possédions que des armes classiques: je vous affirme que nous n'avons jamais disposé d'armes à lunettes», a assuré M. Sladoje, interrogé par les avocats de M. Mladic, évoquant la mort d'une adolescente, tuée par un tir de sniper.

«Nous avions des armes d'infanterie mais nous n'avions pas un nid de tireurs embusqués» dans un des immeubles de Sarajevo, a également assuré le témoin.

Coutumier de sautes d'humeur en salle d'audience, Ratko Mladic, qui plaide non coupable des charges retenues contre lui, a écouté le début de la déposition de M. Sladoje de manière calme et concentrée.

M. Mladic, dont la défense n'a pas utilisé son droit à prononcer une déclaration liminaire avant le début de la présentation des éléments à décharge, est également poursuivi pour le massacre de près de 8000 hommes et garçons musulmans en juillet 1995 à Srebrenica, le pire massacre commis en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale.

La défense dispose de 207 heures au total pour présenter son dossier.

Les juges avaient également alloué 207 heures à l'accusation pour le présentation des éléments de preuve à charge, étape de la procédure qui s'est achevée le 26 février, près de deux ans après l'ouverture du procès, le 16 mai 2012.

Après avoir échappé pendant seize ans à la justice internationale, Ratko Mladic avait été arrêté en Serbie le 26 mai 2011. Il encourt la prison à vie.

Son alter ego politique, Radovan Karadzic, est lui aussi jugé devant le TPIY. Son procès s'était ouvert en octobre 2009.

Radovan Karadzic, l'ex-chef politique des Serbes de Bosnie, et Ratko Mladic, l'ex-chef militaire, auraient pu être jugés ensemble si leurs arrestations avaient été plus proches dans le temps l'une de l'autre, car ils sont accusés des mêmes crimes.

En avril, à la suite de la présentation des moyens à charge du procureur, le TPIY avait confirmé les charges contre M. Mladic, soutenant que l'ancien général «doit répondre de toutes les charges se trouvant dans l'acte d'accusation».