Au moins 44 personnes ont péri dans les Balkans, notamment en Bosnie et Serbie, pays frappés par les pires intempéries depuis 120 ans qui ont fait des dizaines de milliers de sinistrés.

Le pire n'est certainement pas encore passé car les autorités redoutaient en fin de journée une importante vague de la Sava qui a fait des ravages en Croatie, en Bosnie et en Serbie.

«À Obrenovac (près de Belgrade) nous avons découvert 12 corps», a dit le premier ministre serbe, Aleksandar Vucic, précisant que le bilan dans son pays montait de ce fait à 16 morts.

En Bosnie, les autorités ont fait état d'au moins 27 morts tandis que les autorités croates annonçaient un mort.

«Malheureusement, on estime que le nombre de morts sera encore plus important», a dit M. Vucic.

«Ce qui nous est arrivé se produit une fois tous les 1000 ans, pas une fois tous les 100 ans. Nous sommes parvenus à éviter une catastrophe encore plus grave grâce à la bonne organisation», a-t-il assuré.

À proximité d'Obrenovac, la rivière menace la centrale thermique Nikola Tesla qui produit 50 % de la consommation nationale d'électricité. M. Vucic a souligné qu'il s'agissait de l'«ouvrage le plus important dans le pays» et qu'il fallait le défendre à tout prix.

Selon un journaliste de l'AFP sur place, les installations sont presque entièrement isolées par les eaux. Des dizaines d'hommes s'employaient à ériger des murs de défense pour éviter une catastrophe.

Un peu plus au nord-ouest, en amont de la Sava, des milliers de volontaires de Sremska Mitrovica et d'autres villes serbes ont renforcé durant la nuit les digues avec pas moins d'un million de sacs de sable, a raconté à l'AFP un volontaire, Veljko Jankovic, 34 ans.

L'énorme rivière couleur de boue est pour l'instant retenue par cette fortification de dernière minute. Elle emporte tout sur son passage.

«Je suis venue de Novi Sad (nord) pour aider. Je ne pouvais plus regarder la télévision sans rien faire», dit Radmila Bursac, 26 ans.

En Bosnie, dans les régions de Samac et Bijeljina, environ 10 000 personnes ont été évacuées de cette seule zone. Les opérations d'évacuation par bateaux pneumatiques et hélicoptères se poursuivent.

«On entre en ville avec anxiété, par peur de ce qu'on pourrait y découvrir», a dit le maire de Samac, Samo Minic.

De vastes zones dans le nord de la Bosnie survolées en hélicoptère, dont de nombreux villages, baignent dans l'eau, selon un photographe de l'AFP.

Des mines antipersonnel du temps de la guerre risquent de refaire surface 

Des dizaines de bourgades ont été dévastées par des glissements de terrain notamment dans les alentours de Zenica.

En raison surtout des glissements de terrain, les autorités ont mis en garde contre de possibles déplacements de champs de mines antipersonnel datant de la guerre intercommunautaire (1992-95), dont le nombre est estimé à 120 000.

Le pape François a demandé dimanche à la foule rassemblée sur la place Saint-Pierre de Rome de prier avec lui pour les victimes des inondations dans les Balkans.

Plusieurs pays européens de la région des Balkans et la Russie ont dépêché dans les deux pays des dizaines de secouristes, ainsi que des médicaments et des vivres.

À Belgrade, des milliers de volontaires n'ont cessé de renforcer les digues avec des sacs de sable. Le maire de la capitale, Sinisa Mali, a assuré que la ville «est prête pour la vague» qui s'en rapproche.

Plus de 100 000 foyers sont toujours privés d'électricité dans les deux pays.

Des milliers de personnes vivant dans les zones qui n'ont pas été touchées par les intempéries sont allées prêter main-forte à leurs compatriotes.

En Bosnie, pays ethniquement divisé depuis la guerre meurtrière des années 1990, des musulmans sont allés aider les sinistrés dans les régions serbes. À leur tour, des musulmans sinistrés de la région de Zenica ont été accueillis dans des écoles de Zepce, une localité croate.

En Croatie, plusieurs milliers de personnes ont été évacuées dans l'est du pays, notamment de la localité de Gunja envahie par les eaux, a rapporté la télévision nationale.

Les inondations ont fait par ailleurs un mort dans le sud-est de la Pologne. En Ukraine, l'approvisionnement en électricité d'une centaine de villages a été interrompu dans le nord et l'ouest du pays en raison de fortes pluies et de rafales de vent.