Trois journalistes turcs emprisonnés depuis huit ans pour des faits de «terrorisme» ont été remis en liberté jeudi en vertu d'une nouvelle loi qui limite la durée maximale de détention provisoire, a-t-on appris auprès du syndicat des journalistes turcs (TGS).

Les trois libérés sont Füsun Erdogan, fondatrice et directrice de publication de la radio alternative «Radio libre» («Özgür Radyo»), qui a la double nationalité turque et néerlandaise, Bayram Namaz, chroniqueur de l'hebdomadaire Atilim, et Arif Celebi,  journaliste dans la même publication, a précisé le TGS à l'AFP.

Ils avaient été condamnés en novembre 2013 à la prison à perpétuité avec une vingtaine d'autres accusés, reconnus coupables d'appartenance au Parti communiste marxiste-léniniste (MKLP), considéré comme «terroriste» et illégal en Turquie, et d'avoir tenté de «renverser l'ordre constitutionnel par la violence».

Un collectif de soutien pour Mme Erdogan, la plus connue de ces journalistes emprisonnées, a indiqué sur Twitter qu'elle avait pu quitter jeudi après-midi sa prison de Gebze (nord-ouest).

Le Parlement turc a voté début mars une loi qui a réduit de dix à cinq ans la durée maximale de détention provisoire précédant un procès.

La condamnation qui vise les trois journalistes libérés jeudi fait l'objet d'un appel.

Les organisations de défense de la liberté de la presse épinglent régulièrement le régime islamo-conservateur turc pour son «autoritarisme» croissant envers les médias.

Les libérations de jeudi «nous ont redonné de l'espoir pour notre campagne qui vise à décriminaliser la presse en Turquie, mais il nous faut maintenant continuer le combat pour ceux qui restent encore derrière les barreaux», a réagi le président de la Fédération européenne des journalistes (FEJ), Mogens Blicher Bjerregard.

La FEJ a recensé jeudi leur nombre à 32, la plupart détenus pour leurs liens présumés avec des groupes proches des rebelles kurdes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).

La Turquie figure avec l'Iran et la Chine dans le peloton de tête des pays du monde qui emprisonnent le plus de représentants des médias.

Les autorités d'Ankara réfutent systématiquement les critiques des ONG de défense de la liberté de la presse, qu'elles jugent injustes.

«La diffusion des journaux en Turquie atteint 5 millions d'exemplaires (par jour). Les trois quarts d'entre eux sont hostiles à l'AKP» (Parti de la justice et du développement, au pouvoir), a plaidé jeudi son porte-parole, Hüseyin Celik.