Frappé par une impopularité abyssale deux ans après son élection, le président français François Hollande a tenté mardi, lors d'une interview radiotélévisée, de convaincre les Français qu'une nouvelle phase de son quinquennat s'ouvrait avec la perspective «d'un retournement économique».

Moi, je n'ai rien à perdre, mais ce qui compte c'est que le pays a tout à gagner», a lancé François Hollande en conclusion de cet exercice inhabituel d'une heure, durant lequel il  a été malmené par le journaliste qui l'interrogeait et des auditeurs intervenant en direct.

Il a récusé l'accusation d'«amateurisme» lancé à son encontre et demandé à être jugé sur ses résultats.

«Amateurisme quand il s'est agi de sortir de la crise de la zone euro ? Amateurisme quand il s'est agi d'intervenir au Mali quand personne ne le faisait et que le terrorisme était en train de gagner la partie ? Amateurisme quand il s'est agi d'aller en Centrafrique pour éviter un génocide ? Amateurisme sur la crise syrienne quand j'ai été le seul chef d'État occidental à dire «Attention, ce qu'on est en train de laisser faire, c'est un massacre»? Je préfère prendre mes responsabilités et être jugé sur mes résultats», a-t-il déclaré.

Le président français a cependant admis ne pas avoir «suffisamment dit» aux Français au lendemain de son élection la gravité de la crise économique. La victoire face à Nicolas Sarkozy le 6 mai 2012, «ce n'est pas parce que j'avais un programme étincelant, c'est sans doute parce que mon prédécesseur avait échoué», a-t-il reconnu.

«L'obsession» du chômage

Un mois après une débâcle lors d'élections municipales, M. Hollande, le président français le plus impopulaire depuis 1958 avec une cote tombée sous la barre des 20%, a demandé à être jugé «à la fin du quinquennat». Il s'est aussi dit persuadé que son nouveau Premier ministre Manuel Valls saurait donner «l'impulsion nécessaire pour redresser le pays».

Le président français a martelé que son «obsession» restait la lutte contre le chômage, qui frôle toujours les 10%, et avancé que s'il n'avait «pas inversé la courbe» comme il l'avait promis, il l'avait au moins «stabilisée». Rappelant avoir allégé de 10 milliards le coût du travail, il a conditionné son éventuelle candidature à l'élection de 2017 à son bilan sur la croissance et sur l'emploi.

M. Hollande s'est aussi félicité d'avoir contribué à stabiliser la zone euro, installer une union bancaire, créer une taxe sur les transactions financières, et introduit en France une loi de séparation des activités spéculatives des activités de dépôt.

Son pari d'«un retournement économique» apparaît cependant risqué au moment où la France s'est engagée à réaliser 50 milliards d'euros d'économies d'ici à 2017 pour tenir l'objectif d'un retour à 3% de déficit public en 2015.

De nombreux économistes craignent en effet que les mesures d'économies ne brisent le fragile élan de la reprise. Selon l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), le taux de chômage «ne devrait baisser que faiblement vers la fin 2015». Quant à la Commission européenne,  elle ne croit pas à un déficit public de 3% et table plutôt sur 3,4%.

François Hollande a aussi tenté de reconquérir l'électorat de gauche en ressortant sa promesse de campagne d'accorder le droit de vote aux élections locales aux étrangers non communautaires. «Ce texte sera de nouveau proposé» avant la fin du quinquennat, a-t-il assuré.

«Il n'y a pas de majorité aujourd'hui pour voter ce texte (...) Il faut une majorité des trois cinquièmes parce qu'il faut changer la Constitution», a-t-il cependant rappelé.

Interrogé par ailleurs sur sa vie privée qui a défrayé la chronique avec sa liaison cachée avec l'actrice Julie Gayet, révélée par le magazine Closer, et sa rupture avec sa compagne Valérie Trierweiler, M. Hollande a soutenu n'avoir «jamais été dans une forme de vulgarité ou de grossièreté». Une allusion à peine voilée à Nicolas Sarkozy, qui avait notamment affiché ses problèmes de couple puis son idylle et son mariage avec la chanteuse Carla Bruni.

«La vie privée relève de la vie privée», a-t-il martelé.

Dans un entretien à la radio Europe 1, Valérie Trierweiler a souhaité mardi «bonne chance» au chef de l'État pour les trois prochaines années de son mandat.