Le directeur de la Police judiciaire de Paris affirme que les policiers soupçonnés d'avoir violé une touriste canadienne n'ont plus leur place au sein du service.

Bernard Petit a fait ces commentaires lors d'une entrevue accordée lundi à la radio Europe 1, alors que les autorités enquêtent sur deux policiers d'élite soupçonnés d'avoir violé une Canadienne au siège de la Police judiciaire.

Les deux agents, de même qu'un troisième considéré comme un «témoin assisté», ont été suspendus jusqu'à la conclusion de l'enquête, qui pourrait prendre des semaines, voire des mois.

Des médias français ont rapporté qu'une femme de Toronto âgée de 34 ans avait rencontré des policiers qui n'étaient pas en service dans un bar parisien la semaine dernière, et qu'elle les avait ensuite suivis sur leur lieu de travail.

Alors qu'elle quittait le 36, quai des Orfèvres, la femme aurait déclaré à un autre policier qu'elle venait d'être violée, mais l'avocat de l'un des suspects a affirmé à La Presse Canadienne que la relation sexuelle était consensuelle.

Le directeur de la police a déclaré à la radio, lundi, qu'il ne voulait pas discuter des allégations criminelles, mais il a qualifié le comportement des policiers d'«absolument inadmissible, intolérable».

«Leur comportement, ne serait-ce que du point de vue administratif, est incroyable, insupportable, incompatible avec le travail de police judiciaire», a affirmé M. Petit, en soulignant que les policiers n'auraient jamais dû laisser une personne extérieure entrer au siège de la Police judiciaire.

«Ces garçons n'ont plus leur place dans notre unité», a-t-il ajouté.

Le siège de la «PJ», où loge notamment la Brigade de recherche et d'intervention, spécialisée dans les cas difficiles et risqués, est connue en France par son adresse: le «36».

Un ancien policier français, qui travaille maintenant à Montréal en tant que journaliste et analyste des affaires policières, a indiqué que l'édifice était très connu en France à cause de ses nombreuses références dans le cinéma et la littérature. D'ailleurs, un film mettant en vedette Daniel Auteuil et Gérard Depardieu racontant la rivalité opposant deux chefs de service est intitulé «36 Quai des Orfèvres».

«C'est un peu comme Scotland Yard», a affirmé Stéphane Berthomet, en précisant qu'il avait aussi travaillé pour le gouvernement français sur des dossiers liés au crime organisé et au terrorisme.

Il a indiqué que l'unité policière touchée par le scandale, la Brigade de recherche et d'intervention (BRI), mène des activités de surveillance et des raids liés aux activités criminelles majeures.

M. Berthomet a expliqué qu'en vertu des lois françaises, un juge a été désigné pour superviser l'enquête parce qu'il y a suffisamment de preuves laissant croire qu'un crime pourrait avoir été commis.

Quand l'enquête aura été complétée, le juge va soit recommander que les policiers soient jugés au criminel, soit décider de ne pas porter d'accusations à cause d'un manque de preuves tangibles, a précisé M. Berthomet.

L'avocat Sébastien Schapira, qui représente l'un des policiers visés par cette affaire, a nié que son client ait fait quoi que ce soit de répréhensible.

M. Schapira a déclaré à La Presse Canadienne dimanche que son client avait eu une relation sexuelle «consensuelle» avec la femme.

Il a précisé que la Canadienne était rentrée au pays depuis, mais il estime qu'elle devrait être en France pendant la durée de l'enquête.

Le ministre de l'Intérieur, Bernard Caseneuve, a annoncé durant le week-end que les policiers avaient été suspendus de leurs fonctions durant l'enquête. Il a aussi indiqué qu'une enquête disciplinaire interne était en cours.