En pleine tourmente judiciaire, l'ancien président français Nicolas Sarkozy a riposté jeudi pour dénoncer «des principes de la République foulés au pied» en s'attaquant aux juges et évoquant des méthodes de la Stasi.

Dans sa première réaction publique aux révélations sur son éventuelle implication dans une affaire de trafic d'influences, M. Sarkozy écrit dans une tribune à paraître vendredi dans Le Figaro qu'il rejette ces accusations et celles pesant sur lui dans d'autres affaires et parle d'une instrumentalisation de la justice.

L'ancien président, qui n'a pas pris la parole officiellement depuis l'été 2012, explique avoir rompu son silence, «parce que des principes sacrés de notre République sont foulés aux pieds avec une violence inédite et une absence de scrupule sans précédent».

M. Sarkozy est visé par une information judiciaire ouverte le 26 février par le parquet national financier pour trafic d'influence et violation du secret professionnel. Pendant plus de six mois, il a été mis sur écoute, dans la cadre d'une instruction en cours sur des soupçons de financement de la campagne présidentielle de 2007 par l'ancien dirigeant libyen Mouammar Kadhafi.

«Les juges entendent les discussions que j'ai avec les responsables politiques français et étrangers. Les conversations avec mon avocat ont été enregistrées sans la moindre gêne. L'ensemble fait l'objet de retranscriptions écrites dont on imagine aisément qui en sont les destinataires!», lance-t-il.

Les juges en charge de l'enquête cherchent à déterminer si un haut magistrat, Gilbert Azibert, a pu user de son influence à son profit sur une décision concernant la saisie des agendas de l'ancien président par la justice.

Des extraits de ces écoutes, diffusés par le site d'information en ligne Mediapart, ont renforcé les soupçons pesant sur Sarkozy et son avocat Thierry Herzog a annoncé le dépôt d'une plainte pour violation du secret de l'instruction.

M. Sarkozy, qui fait état de «quatre perquisitions» en 20 mois, «23 heures d'interrogatoire» et «des milliers d'articles rédigés à charge» à son encontre,  s'en prend aux magistrats enquêtant sur son compte. Mais il affirme garder «confiance dans l'institution judiciaire».

Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a qualifié de «grave faute morale» la mise «en cause de l'honneur de la justice et de la police» et a estimé «que la comparaison entre la République française et l'Allemagne de l'Est est insupportable».

La ministre de la justice Christiane Taubira, a rappelé que «dans un État de droit, la mise en oeuvre de la loi prévoyant les interceptions judiciaires par des juges indépendants ne peut pas être comparée aux pratiques à l'oeuvre dans des régimes autoritaires ou totalitaires».

Son homologue de l'Intérieur a accusé M. Sarkozy de s'en prendre «au fondement même de l'État de droit».

Le président du parti UMP (droite) a en revanche estimé que la tribune est «une réponse courageuse, forte et indispensable aux accusations incessantes et violentes dont Nicolas Sarkozy fait l'objet de la part du gouvernement et de certains organes de presse».