Vingt mille fiancés ont fêté la Saint-Valentin dans l'euphorie avec le pape François: d'âges et de conditions sociales différentes, ils sont représentatifs des nouvelles réalités du couple, souvent engagés ensemble avant le mariage mais désireux de contracter un lien fort.

«Ce pape correspond un peu plus à notre façon de vivre, à la vie actuelle, à la famille nouvelle, à ce qu'on est», observe avec joie Emmanuelle, 29 ans, de Nantes, interrogée par l'AFP alors que l'ambiance devient de plus en plus survoltée par les chants, les danses et les témoignages. Sous un soleil printanier, l'immense place prend un aspect d'immense kermesse paroissiale italienne.

Croyante, Emmanuelle est venue avec Benoît, du même âge et athée, en voyage d'amoureux pour la Saint-Valentin. Ils ont laissé leurs deux enfants de 6 et de 2 ans à leurs parents. «Benoît a pris l'initiative de s'inscrire à une préparation de mariage, alors qu'il est athée. Nous avons commencé dans la paroisse il y a quinze jours. Cela me touche beaucoup qu'il ait accepté cela, c'est une belle preuve d'amour», témoigne Emmanuelle.

C'est Benoît qui tient dans la main le petit coussin blanc signé «Franciscus» que le Vatican a distribué à tous les inscrits, comme un talisman de bonheur. C'est à ce coussin que doivent être attachées par des rubans, le jour de la messe de mariage, les deux alliances des fiancés.

Michael, 24 ans, et Rosa, 21 ans, venus d'Autriche, reconnaissent être un peu là par hasard, ayant appris l'existence de cette fête du «oui pour toujours» au dernier moment. Rosa est «encore dans l'Eglise» et encourage son compagnon à oser «un engagement pour la vie» dans le mariage catholique, le nouveau pape représentant «un grand changement, positif».

Michael quant à lui hésite car «il est sorti de l'Eglise, en raison de ses réactions insuffisantes aux abus sexuels des prêtres». Il est cependant ouvert à la parole du pape François.

Lucy et Jan, 27 et 38 ans, de République tchèque, sont mariés depuis trois ans. Ils sont venus par hasard, et souhaitent que leur voeu d'avoir un enfant soit exaucé, pensant que la prière du pape «peut les aider».

Les Italiens sont ultra-majoritaires dans cette foule détendue, en ce jour de semaine. Beaucoup sont venus sans s'inscrire.

Ce qui frappe, c'est qu'ils ne sont pas endimanchés et sont de milieux et âges très variés, certains ayant même la quarantaine.

Deux couples italiens sont venus de Rome et d'Anagni, au sud de la capitale. Serena, 32 ans, et Daniele, 38 ans, ont décidé de s'épouser en octobre. Ils se connaissent depuis dix ans et ont choisi de ne pas vivre ensemble. «Je crois dans le sacrement du mariage, nous n'avons pas à faire nos preuves en vivant ensemble avant», explique Serena, avec détermination.

L'autre couple, Maria Flavia, 41 ans mais qui paraît en avoir 30, et Emmanuele, 32 ans, ont fait un autre choix: ils vivent ensemble depuis deux ans mais «nous n'avons pas encore décidé si nous nous marierons», explique Maria Falvia. «Nous espérons une impulsion du pape François. Nous avons besoin de réfléchir».

«C'est difficile le mariage aujourd'hui. C'est facile de se marier et de se séparer ensuite, ce n'est pas ce que nous voulons», ajoute-t-elle.

Le pape François est très attentif à la crise du mariage catholique, les divorces et les séparations après un mariage à l'Eglise étant de plus en plus répandues.

Jorge Mario Bergoglio a souvent appelé les catholiques à «aller à contre-courant» de manière «révolutionnaire» dans le mariage, en condamnant la «culture du provisoire» et en affirmant que le mariage «n'est pas une simple force de gratification affective» mais un projet fondateur.

En même temps, le pape, réaliste, ne fait guère de remarques pour décourager la cohabitation avant mariage, alors que Jean Paul II et Benoît XVI insistaient plus souvent sur ce point.