L'ancien Premier ministre italien Silvio Berlusconi, jugé à partir de mardi à Naples pour corruption de sénateur, essaie malgré ses déboires avec la justice de conserver un rôle politique de premier plan.

Le Cavaliere qui n'a aucune raison de venir et sera représenté par ses avocats Michele Cerabona et Niccolò Ghedini, est accusé d'avoir «acheté» en 2006 un sénateur de gauche pour qu'il passe dans son camp et facilite la chute du gouvernement de Romano Prodi.

Selon le parquet, Berlusconi aurait offert, par l'intermédiaire d'un de ses bras droits, Valter Lavitola, lui aussi jugé à Naples, trois millions d'euros à Sergio de Gregorio, élu sur une liste du parti «l'Italie des valeurs» de l'ancien juge anti-corruption Antonio di Pietro.

Les deux premières audiences de mardi et mercredi devraient être brèves et essentiellement consacrées à des actes de procédure.

Mardi seront examinés la récusation de la présidente de la 4e chambre du tribunal de Naples en raison d'un conflit d'intérêts, puis le renvoi devant une autre section. Et mercredi, il sera question de la constitution de partie civile du Sénat, une décision rare prise par Pietro Grasso, le président de la chambre haute italienne, qui a justifié son geste en avançant un «devoir moral».

Parmi les témoins appelés à la barre par l'accusation, figurent d'anciens poids lourds de la politique italienne, tels Romano Prodi et Antonio di Pietro, mais également deux ex-sénateurs qui avaient été approchés par les émissaires du Cavaliere.

Lors de l'enquête préliminaire au procès, De Gregorio avait expliqué aux enquêteurs avoir reçu du Cavaliere deux millions d'euros en liquide, en plusieurs versements, et un million supplémentaire sur le compte de son mouvement politique, «Italiens du monde».

Pour la défense, les avocats de Berlusconi devraient quant à eux faire valoir que la corruption de sénateur n'existe pas, chaque parlementaire étant en théorie libre de son vote.

Le 27 novembre, le Cavaliere a été déchu de son mandat de sénateur, une première après vingt ans passés au Parlement, à la suite d'une condamnation définitive à un an de prison pour fraude fiscale.

En raison de son âge - 77 ans -, Silvio Berlusconi ne devrait pas effectuer sa peine derrière les barreaux mais être soit assigné à domicile, soit contraint d'effectuer des travaux d'intérêt général. La justice doit se prononcer à ce sujet vers la mi-avril.

Mais son éviction du parlement ne l'empêche pas de peser sur la vie politique italienne. Alors qu'une partie de ses ex-fidèles ont choisi de rester sous la bannière d'un parti le «Nouveau centre droit» (NCD), au sein du gouvernement de «large entente» d'Enrico Letta (centre gauche), il a de son côté refondé son parti, Forza Italia, et est passé dans l'opposition.

Toujours incontournable - Forza Italia est actuellement crédité d'un quart des voix -, Silvio Berlusconi a ainsi été le premier membre de la droite que le nouveau chef du Parti démocrate (PD, gauche), Matteo Renzi, a rencontré après sa nomination, afin de négocier une réforme de la loi électorale.

Depuis, même si les divisions au sein du PD intéressent davantage les Italiens, entre un Letta soucieux de rester à la tête du gouvernement, et un Renzi pressé de prendre sa place, le Cavaliere a recommencé à apparaître à la télévision en vue des élections européennes.

Sa stratégie? Occuper le terrain à coups de téléphone et de déclarations plus ou moins provocatrices: «L'euro est pour nous une monnaie étrangère», a-t-il dit samedi à Milan. Mais à force de vouloir être présent, il risque de multiplier les gaffes: ce week-end par exemple, il a appelé en direct des militants réunis en Sardaigne en pensant haranguer ses supporteurs à L'Aquileia au nord du pays!