L'ONG Human Rights Watch (HRW) a exhorté lundi les autorités marocaines et espagnoles à mettre un terme aux mauvais traitements envers les migrants subsahariens, tout en notant «quelques améliorations» côté marocain depuis l'annonce d'une nouvelle politique migratoire l'an dernier.

Le rapport de 79 pages, présenté à Rabat, intervient quelque jours après un nouveau drame à la frontière entre le nord du Maroc et Ceuta, où neuf clandestins sont morts noyés en tentant de pénétrer dans l'enclave espagnole, entraînant une vive polémique en Espagne quant à l'attitude de la Garde civile.

S'agissant du sort réservé aux migrants au Maroc, des «mauvais traitements persistent malgré quelques améliorations (...) depuis l'annonce d'une nouvelle politique migratoire et d'asile en septembre 2013», relève l'étude de l'ONG basée à New York.

«Depuis lors, les expulsions sommaires à la frontière avec l'Algérie semblent avoir cessé», avance-t-elle.

Mais «HRW reste inquiet au regard de nouveaux témoignages de violences envers des migrants près de la frontière avec Melilla», la seconde enclave espagnole dans le royaume chérifien, est-il précisé.

«Nous attendons du Maroc qu'il fasse clairement comprendre à ses forces de sécurité que les migrants ont des droits», a souligné devant la presse une responsable de HRW, Katya Salmi, appelant les autorités à mettre en place des «procédures strictes» qui permettront de bannir les violences.

Cité par l'agence MAP, le ministre marocain de la Communication et porte-parole du gouvernement, Mustapha Khalfi, a qualifié les affirmations de HRW de «clairement injustes». Dans son rapport, l'ONG précise par ailleurs que les autorités marocaines ont assuré que la prise en charge des migrants se faisait dans le «strict respect» de la loi et des conventions internationales.

Human Rights Watch égratigne donc également l'attitude des forces de sécurité espagnoles, évoquant un «usage excessif de la force» lors du refoulement de migrants de Ceuta et Melilla, seules frontières terrestres entre l'Europe et l'Afrique.

L'expulsion par l'Espagne de migrants illégaux viole les lois internationales et celles de l'Union européenne, qui interdisent aux États «de renvoyer de force une personne vers un endroit où elle serait exposée à un risque réel d'être soumise à un traitement inhumain et dégradant», note encore HRW.

Sur les récents événements de Ceuta, l'ONG appelle à une «enquête» sur l'usage d'armes à feu contre les migrants qui tentaient de rejoindre l'enclave à la nage. Madrid a reconnu avoir utilisé des «balles en caoutchouc» mais assuré qu'elles n'avaient pas été tirées directement «contre les personnes».

De source officielle, quelque 30 000 clandestins se trouvent actuellement sur le sol marocain dans l'attente d'une hypothétique traversée vers l'Europe. Pour tenter de répondre à la situation, Rabat a lancé une vague de «régularisations exceptionnelles» sur l'ensemble de l'année 2014.

Selon Rabat, quelque 10 000 dossiers de régularisation ont d'ores et déjà été déposés, en moins d'un mois.