Le presse européenne s'interroge lundi sur les conséquences du succès du référendum suisse contre l'immigration, notamment concernant les relations de la confédération helvétique avec l'Union européenne.

En France, le quotidien du monde des affaires, Les Echos, évoque «un résultat aux conséquences économiques difficiles à prévoir».

Les électeurs suisses ont dit «oui», à une courte majorité de 50,3%, à une limitation de l'immigration lors d'un référendum, intitulé «contre l'immigration de masse» et organisé à l'initiative du parti UDC de Christoph Blocher (droite populiste), excédé par la forte hausse du nombre des immigrés depuis l'adhésion de la Suisse à la libre-circulation en Europe.

Le quotidien français de gauche Libération juge qu'avec ce résultat, «les Suisses ferment les frontières». Le politologue Jean-Yves Camus explique dans ses colonnes que «l'égoïsme économique est la principale composante de ce vote». «Les Suisses votent pour l'instauration de quotas», annonce de son côté en Une Le Figaro, classé à droite.

Pour le journal communiste L'Humanité, «l'extrême droite de Blocher a remporté son pari en faisant adopter un drastique plafonnement de l'immigration». «Immigration "de masse": les Suisses disent stop», résume le journal gratuit Metro.

En Allemagne, le journal conservateur Die Welt estime que «la Suisse doit revoir sa proximité avec l'UE». «Continuer comme ça n'est pas une option. L'UDC va apprendre à quel point il est difficile de séparer les aspects positifs des contrats bilatéraux avec Bruxelles des aspects non désirés», souligne le quotidien.

En revanche, le Berliner Zeitung se montre plus compréhensif: «Ceux qui se moquent ici de la peur d'être envahi par les étrangers devraient au moins réfléchir au fait qu'en Suisse, le pourcentage des étrangers est, avec 23% de la population totale, presque trois fois plus important qu'en Allemagne.»

Le quotidien belge Le Soir titre de façon provocatrice: «Les Suisses aux Européens: dehors!» Le quotidien francophone note que «c'est tout l'échafaudage des accords bilatéraux de la Suisse avec l'Union européenne qui est assuré de s'écrouler, pour 19.516 voix sur près de 3 millions de votants».

En Espagne, le quotidien de centre-gauche El Pais juge sur son site internet que «ce résultat contraindra l'Union européenne à repenser son étroite relation avec la Suisse et met fin à libre circulation des personnes en vigueur depuis 2002». Ce référendum «ouvrira une crise politique sérieuse entre les deux interlocuteurs».

Dans sa version papier, El Pais publie un éditorial intitulé «Conséquences perverses» dans lequel il affirme que «la victoire des opposants à "l'immigration de masse" en Suisse aura des conséquences pour tout le monde en Europe».

«Non seulement cela remet en question l'accord sur la libre circulation des personnes établi avec l'UE, mais cela reflète aussi l'agitation populiste et xénophobe parcourant le Vieux Continent moins de trois mois avec les élections européennes». «Il s'agit là du pire résultat possible pour la majorité des hommes politiques et les entreprises suisses».

Pour le quotidien conservateur ABC, ce référendum «met en danger les liens (de la Suisse) avec l'Union européenne». «Ce résultat a surpris la classe politique et représente un camouflet pour la politique européenne du Conseil fédéral, qui doit maintenant repenser ses relations politiques avec l'UE».