Le président tchèque Milos Zeman a nommé mercredi le gouvernement de centre gauche du social-démocrate Bohuslav Sobotka, avec un programme axé sur la croissance et la création d'emplois dans ce pays récemment sorti d'une longue récession.

«Je suis convaincu que le nouveau gouvernement apportera à la République tchèque la croissance économique, la prospérité et la stabilité nécessaire», a déclaré M. Sobotka au cours d'une cérémonie d'investiture au Château de Prague, siège de la présidence.

La nomination de ce cabinet, 95 jours après les législatives anticipées, met fin à une longue crise politique engendrée par une série de scandales de corruption et de moeurs, qui a fait chuter en juin le gouvernement de centre droit de Petr Necas.

Le gouvernement de M. Sobotka succède au cabinet intérimaire de l'économiste de gauche Jiri Rusnok, composé de ministres sans étiquette proches de M. Zeman, qui a dirigé le pays depuis juillet sans obtenir la confiance du Parlement.

Le président Zeman, rival politique de longue date de M. Sobotka, a saisi l'occasion pour relever mercredi plusieurs erreurs formelles que contient, selon lui, le document présenté à la présidence avec les noms des nouveaux ministres.

«Six erreurs dans un document d'une page et demi, c'est relativement beaucoup. Ceci ne témoigne pas d'un professionnalisme que nous souhaiterions voir au nouveau cabinet», a-t-il martelé avec sarcasme.

Ce gouvernement est composé de huit ministres du Parti social-démocrate (CSSD), de six membres du mouvement populiste ANO et de trois chrétiens-démocrates (KDU-CSL). Trois postes ministériels sont confiés aux femmes.

Les trois formations disposent d'une majorité confortable de 111 sièges sur 200 au sein de la Chambre basse, si bien que le vote de confiance à l'exécutif, attendu dans un délai de 30 jours, s'annonce comme une pure formalité.

Le vice-président du CSSD Lubomir Zaoralek, chef de la Chambre basse en 2002-2006 et pro-européen convaincu, s'est vu confier le portefeuille des Affaires étrangères.

L'ancien comédien et diplomate Martin Stropnicky du mouvement ANO a été nommé ministre de la Défense.

Croissance soutenable

Le ministère des Finances revient au richissime homme d'affaires Andrej Babis, chef d'ANO, accusé de collaboration avec l'ancienne police secrète communiste StB, avant 1989. Un tribunal slovaque doit étudier ce dossier jeudi.

Seulement deux gouvernements en République tchèque, indépendante depuis 1993, ont accompli la totalité de leur mandat, note le politologue Tomas Lebeda de l'Université Charles de Prague.

«La chambre basse compte sept partis, soit le plus grand nombre depuis 1996, ce qui ne contribue pas à la stabilité», a-t-il déclaré à l'AFP.

L'accord de coalition conclu par les trois partis insiste sur une «croissance économique soutenable» et un déficit public en dessous des 3% du PIB, fixés par l'UE.

«L'attente d'une croissance économique est réaliste, mais le mérite n'en reviendra pas à ce gouvernement, car la croissance a déjà démarré avant sa nomination», a commenté David Marek, analyste de la banque d'investissement pragoise Patria Finance.

M. Sobotka a promis de ne pas augmenter les impôts au cours de la première année de son gouvernement, afin de réaliser les promesses sociales du CSSD, au risque de créer un sujet de discorde avec ANO.

L'économie de la République tchèque (10,5 millions d'habitants), membre de l'UE, mais pas de la zone euro, est fortement dépendante de l'industrie automobile.

La banque centrale CNB prévoit une contraction du PIB de 0,9% en 2013, autant qu'en 2012, avant une reprise à +1,5% en 2014.

Se disant pro-européenne, la nouvelle coalition n'a pourtant pas mis l'adoption de l'euro parmi ses priorités. La CNB attend l'adoption de la monnaie commune en 2019 au plus tôt.