François Hollande entame en célibataire une nouvelle étape de sa présidence après avoir officiellement rompu samedi avec sa compagne Valérie Trierweiler, deux semaines après la révélation de sa liaison avec une actrice.

Si la tempête médiatique soulevée par ce vaudeville à la tête de l'État était loin d'être apaisée dimanche, avec des interrogations sur le sort de Valérie Trierweiler, les Français semblaient dans leur majorité désireux de tourner la page.

«C'est sa vie, il fait ce qu'il veut», «ce sujet d'actualité est quand même assez secondaire», «j'espère qu'il va s'occuper un peu plus de la France que de sa vie privée parce qu'il y a du travail à faire»: telles étaient quelques réactions de Parisiens interrogés par le service vidéo de l'AFP, reflétant la tonalité générale des réactions recueillies par d'autres médias.

Une majorité des Français (54 %) ne souhaitent d'ailleurs ni rôle ni statut officiel, ni moyens de la République accordés à l'épouse ou la compagne du président, selon un sondage BVA pour Le Parisien.

Le président français, qui entame lundi une visite officielle en Turquie et se rendra le 11 février aux États-Unis à l'invitation de Barack Obama, a assumé seul la décision de mettre fin à sa relation avec la femme qui l'a accompagné dans sa stratégie de conquête du pouvoir et durant ses premiers mois à l'Élysée.

C'est par un coup de téléphone à la chef du service politique de l'AFP samedi soir qu'il a fait part de ce qu'il continue à présenter comme un évènement de sa «vie privée».

«Je fais savoir que j'ai mis fin à la vie commune que je partageais avec Valérie Trierweiler», s'est borné à déclarer François Hollande.

«Cette décision était nécessaire», au nom de «la clarté», a commenté dimanche matin le ministre du Travail Michel Sapin, un proche et ami du président.

Une ligne de discrétion

Dans un entretien au magazine américain Time accordé avant l'annonce de la rupture, M. Hollande a réaffirmé sa conviction que «tout le monde, président ou pas président, a droit à une vie privée».

Valérie Trierweiler, qui s'en est tenue elle aussi à une ligne de discrétion, est sortie de son silence tard dans la soirée de samedi. «Toute ma gratitude va à l'extraordinaire personnel de l'Élysée. Je n'oublierai jamais son dévouement ni l'émotion au moment du départ», a-t-elle écrit sur son compte tweeter.

L'ex «première dame» s'est envolée dimanche en fin de matinée à bord d'un avion de ligne de la compagnie Air France pour Bombay, pour y soutenir l'ONG Action contre la faim (ACF). Ce déplacement humanitaire prévu de longue date est financé par des entreprises, partenaires privés de l'association, et non par l'Élysée. Par mesure de sécurité, elle sera cependant accompagnée par un garde du corps.

Mme Trierweiler «va mieux», a assuré son entourage dimanche à l'AFP. Elle avait été hospitalisée durant une semaine après la révélation de la liaison cachée de François Hollande, puis s'était retirée loin de la pression médiatique à la résidence présidentielle de la Lanterne, près du château de Versailles.

Elle reste «en bons termes avec le président», avec lequel elle a mangé jeudi, selon la même source. Valérie Trierweiler, divorcée et mère de trois enfants, qui avait tenu à rester journaliste afin d'assurer son indépendance financière (elle tient une chronique littéraire dans l'hebdomadaire Paris Match), conservera aussi l'usage de l'appartement que louait le couple, selon le Journal du Dimanche.

François Hollande ne sera pas le seul chef d'État ou de gouvernement à ne pas avoir de conjoint: Du Belge Elio di Rupo (premier chef de gouvernement à avoir révélé son homosexualité) au président algérien Abdelaziz Bouteflika ou au Bolivien Evo Morales, ils sont nombreux à assumer leur charge en célibataires. D'autres, comme les présidents Vladimir Poutine (Russie), Michelle Bachelet (Chili) ou Dilma Rousseff (Brésil) sont divorcés sans être remariés.

Le président, dont la cote de popularité était déjà au plus bas avant cet épisode, espère maintenant consacrer toute son attention à la mise en oeuvre des réformes qu'il a annoncées le 14 janvier afin de faire repartir l'économie française en panne. Ce qui n'est pas gagné. À la veille de l'annonce des chiffres du chômage de décembre 2013, et alors que M. Hollande avait promis une inversion de la courbe du chômage, Michel Sapin a reconnu que l'on s'orientait plutôt vers «une situation de stabilisation, ce qui est déjà considérable».