Environ 50 000 personnes ont manifesté dimanche en plein centre de Kiev contre le passage à tabac de l'ex-ministre ukrainien de l'Intérieur et opposant, Iouri Loutsenko, lors des heurts vendredi entre des manifestants et la police, a constaté un journaliste de l'AFP.

L'agression de M. Loutsenko, 49 ans, hospitalisé pour une commotion cérébrale, «montre le niveau de l'arbitraire dans notre pays. La police ne recule devant rien, même devant son ancien responsable», a déclaré le retraité Anatoli Radiouk.

Iouri Loutsenko, 49 ans, un ex-membre influent du gouvernement pro-occidental de l'ancienne première ministre Ioulia Timochenko, a été hospitalisé vendredi soir en soins intensifs à la suite de heurts entre des manifestants pro-européens et la police près d'un tribunal à Kiev.

Il a reçu une dizaine de coups de matraque sur la tête, selon sa porte-parole, Larissa Sargan.

Hospitalisé samedi soir, M. Loutsenko est actuellement dans un état stationnaire, mais «personne à l'exception de ses proches n'est autorisé à le voir», a précisé Mme Sargan.

Au total, une vingtaine d'opposants ont été blessés lorsque des manifestants pro-européens ont tenté d'empêcher la police d'emmener en prison trois hommes condamnés vendredi pour avoir voulu faire sauter en 2011 une statue de Lénine.

L'Ukraine est le théâtre depuis le 21 novembre de manifestations en faveur de l'intégration européenne après le refus des autorités de signer un accord d'association avec l'Union européenne en préparation depuis trois ans, au profit de la coopération économique avec Moscou.

La signature le 17 décembre à Moscou d'accords économiques qui prévoient un crédit de 15 milliards de dollars à l'Ukraine et la baisse d'un tiers du prix du gaz russe, au moment où le pays est au bord de la faillite, a semblé désarçonner les leaders de cette contestation, sans précédent depuis la Révolution orange pro-occidentale de 2004.

Mais l'agression de la journaliste d'opposition ukrainienne Tetiana Tchornovol, rouée de coups fin décembre par des inconnus, ainsi que celle de Iouri Loutsenko, semblent avoir donné un nouveau souffle au mouvement qui réclame le départ du président et la démission du gouvernement.

«Les protestations doivent se poursuivre (...). Nous ferons tout pour (...) changer ce système qui permet à la police de frapper les gens», a déclaré le célèbre boxeur et l'un des dirigeants de l'opposition ukrainienne, Vitali Klitschko, dans un communiqué.

«Nous allons nous battre (...). Et pour qu'ils nous entendent, nous allons lancer une grève nationale, d'abord, une d'avertissement qui sera brève, puis une vraie grève de longue durée», a-t-il souligné.

Pour sa part, un autre dirigeant de l'opposition, Arseni Iatseniuok, a annoncé qu'un député de l'opposition ukrainien devait se rendre mercredi aux États-Unis pour demander à Washington d'imposer des sanctions contre le ministre de l'Intérieur, Vitali Zakhartchenko, et «sa bande qui violent la loi et la Constitution» en Ukraine, dans une intervention devant le Sénat américain.

Une nouvelle manifestation de l'opposition ukrainienne visant à réunir environ 100 000 personnes est prévue à Kiev le 19 janvier, selon M. Klitschko.