L'opposition ukrainienne pro-européenne a appelé vendredi à une nouvelle grande manifestation dimanche, après la douche froide qu'a constituée cette semaine la signature par le président Viktor Ianoukovitch d'un accord avec Moscou.

L'opposition a redoublé de critiques après un compte-rendu du procureur général sur les violences policières contre les manifestants, qu'elle a jugé digne de pratiques «staliniennes».

«Le pays a entendu le compte-rendu cynique du procureur qui a présenté la dispersion cruelle d'une manifestation pacifique comme la ''neutralisation d'une poignée de provocateurs''», ont indiqué trois leaders de l'opposition dans un communiqué.

Ils ont appelé à un rassemblement dimanche à 10 h GMT (5 h à Montréal) sur la place de l'Indépendance, où des centaines de milliers des personnes avaient manifesté les trois dimanche précédents.

Le procureur général Viktor Pchonka a été convoqué vendredi devant le Parlement pour faire état de l'enquête sur la dispersion violente le 30 novembre de jeunes manifestants qui occupaient la Place de l'Indépendance dans le centre de Kiev. Les violences ont fait des dizaines de blessés et ont renforcé la contestation contre le régime.

Tout en reconnaissant devant les députés que le recours à la force avait été «excessif», le procureur a réitéré la version officielle selon laquelle les troupes anti-émeutes avaient été mobilisées à la demande des services municipaux que les manifestants auraient empêché d'installer un arbre de Noël cette nuit-là.

Des images vidéo ont été visionnées, mais qui montraient non pas la dispersion du 30 novembre, mais des heurts entre manifestants et troupes anti-émeutes survenus le lendemain, provoqués selon des témoins et l'opposition par des «provocateurs».

«Nous avons tous compris ici que vous êtes en train de ranimer le stalinisme», a lancé Oleg Tiagnybok, l'un des leaders de l'opposition.

Depuis près d'un mois, Kiev est le théâtre d'une contestation, déclenchée par la volte-face du pouvoir sur l'intégration européenne au profit de la Russie, qui a vu des centaines de milliers de personnes descendre dans la rue suite à ces violences inédites en Ukraine.

Réunis en sommet à Bruxelles, certains dirigeants européens ont exprimé leur exaspération face au gouvernement ukrainien.

L'Union européenne garde la porte ouverte «au peuple ukrainien, mais pas nécessairement à son gouvernement», a prévenu la présidente lituanienne, Dalia Grybauskaité dont le pays assure la présidence tournante de l'UE.

Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov dont le pays a joué un rôle clé pour dissuader l'Ukraine de signer l'association a indiqué vendredi que Moscou était prêt à discuter avec l'UE de l'Ukraine lors d'un prochain sommet Russie-UE en janvier.

«Tout va dépendre de la bonne volonté de l'Union européenne de prendre en compte les intérêts légitimes de la Russie», a-t-il déclaré dans une interview à l'agence Ria Novosti.

La Russie a octroyé à l'Ukraine un crédit de 15 milliards de dollars et un rabais d'un tiers du prix du gaz mardi au cours d'une visite de M. Ianoukovitch à Moscou.

Ces accords ont été dénoncés par l'opposition comme le «début de la fin» de l'indépendance du pays.