Les États-Unis ont reçu cette semaine un dernier chargement d'uranium faiblement enrichi en provenance de Russie, marquant la fin d'un programme de désarmement enclenché il y a 20 ans, a annoncé mardi la Maison-Blanche.

«Aujourd'hui, les États-Unis et la Russie célèbrent la fin de l'un des programmes de lutte contre la prolifération ayant connu le plus de succès», selon la porte-parole du Conseil de sécurité nationale (NSC) Caitlin Hayden.

Selon elle, un chargement d'uranium faiblement enrichi est arrivé cette semaine au port de Baltimore (Maryland, est).

Ce combustible destiné aux centrales nucléaires américaines est le dernier issu de 500 tonnes d'uranium hautement enrichi, contenu dans quelque 20 000 têtes nucléaires russes désactivées conformément au traité de désarmement START en 1991, à l'issue de la Guerre froide.

Le recyclage et le transfert de l'uranium russe aux États-Unis ont été formalisés dans un accord en 1993.

Mme Hayden a souligné dans un communiqué que ce programme avait permis de répondre à 10% de la demande d'électricité des États-Unis ces 15 dernières années, et assuré que son pays et la Russie restaient «fermement engagés à poursuivre sur la lancée de ce succès».

Elle a toutefois passé sous silence le fait que le programme avait été interrompu à l'initiative de Moscou, qui estimait que les États-Unis se fournissaient à trop bon compte.

Les 500 tonnes d'uranium russe équivalent à près de 10 milliards de barils de brut, selon des experts. De l'uranium issu de missiles américains est aussi utilisé pour produire de l'énergie, mais en bien plus faible quantité.

Les États-Unis ont tenté de prolonger l'accord avec Moscou, mais la Russie a refusé, trouvant le prix trop faible.

Washington a payé près de huit milliards de dollars jusqu'à présent pour l'uranium russe, selon l'USEC (United States Enrichment Corporation), l'organisme gouvernemental qui fournit du combustible aux centrales américaines.

L'USEC et le consortium russe Techsnabexport ont signé un nouvel accord pour la fourniture de combustible sur la base des prix du marché, avait indiqué l'USEC en octobre.

Mais le nouveau contrat ne fournira que la moitié de ce que l'ancien accord permettait d'obtenir et il s'agira de combustible civil et non d'uranium issu d'ogives atomiques.

La fin formelle de ce programme intervient alors que Moscou et Washington restent en froid sur de nombreux volets de leur relation, notamment le dossier syrien, le bouclier antimissile en Europe ou encore l'asile accordé par la Russie au consultant américain du renseignement Edward Snowden, inculpé d'espionnage dans son pays.