Le président russe Vladimir Poutine a ordonné mardi d'augmenter la présence militaire russe dans l'Arctique, après le lancement d'une procédure par le Canada pour étendre sa souveraineté dans la région.

«Je demande d'accorder une attention particulière au déploiement d'infrastructures et d'unités militaires dans l'Arctique», a déclaré M. Poutine lors d'une réunion au ministère de la Défense retransmise à la télévision publique.

«La Russie s'investit de plus en plus dans cette région d'avenir, y revient et doit y disposer de tous les leviers pour assurer sa sécurité et défendre ses intérêts nationaux», a ajouté le président.

Il a notamment indiqué qu'il s'agissait de remettre en service l'aéroport militaire de Tiksi, en zone polaire au nord de la Iakoutie (Sibérie orientale) et de mener des travaux sur celui de Severomorsk, sur la mer de Barents dans le nord-ouest de la Russie.

Le Canada a indiqué lundi avoir déposé un dossier devant une commission spécialisée de l'ONU pour étendre sa souveraineté sur le pôle Nord géographique, défiant en particulier la Russie qui y a déjà planté son drapeau.

Le Canada veut prouver que «la dorsale de Lomonossov» constitue une avancée du plateau continental canadien et revendiquer ainsi le pôle Nord, selon le dossier présenté lundi par le gouvernement et déposé vendredi à une commission spécialisée des Nations unies.

C'est au sommet de cette chaîne de montagne sous-marine qui traverse l'océan Arctique sur 1800 km de long, entre les eaux sibériennes et l'île canadienne d'Ellesmere, qu'une mission russe avait déployé à l'été 2007, par 4200 mètres de profondeur, à la verticale du Pôle Nord, le drapeau blanc, bleu et rouge de la Russie.

A l'époque, cette opération très médiatisée avait mis en valeur la suprématie russe dans le Grand Nord (Ottawa ne dispose d'aucun port en eau profonde à ces latitudes ni de brise-glace nucléaire) et suscité l'ire du gouvernement canadien.

La Russie a de son côté fait montre en septembre de la défense jalouse de ses intérêts dans l'Arctique, en faisant arraisonner par un commando héliporté un navire de l'association écologiste Greenpeace dont des membres avaient tenté d'escalader une de ses plateformes pétrolières en mer de Barents.

Les trente membre d'équipage, dont 26 étrangers, d'abord inculpés de «piraterie», charge remplacée ensuite par l'accusation de «hooliganisme» qui leur fait encourir jusqu'à sept ans de prison, ont été maintenus en détention provisoire pendant deux mois malgré les protestations internationales, puis remis en liberté avec interdiction de quitter le territoire russe.