Silvio Berlusconi risque un nouveau procès, pour corruption de témoins cette fois-ci, dans un autre volet du scandale sexuel Rubygate dans le cadre duquel il a déjà été condamné en première instance à sept ans de prison, écrivent vendredi les médias.

Dans ce deuxième volet, appelé «Ruby bis» du nom de la jeune Marocaine à l'origine de l'affaire, trois proches de Silvio Berlusconi, accusés de lui avoir fourni de jeunes prostituées, dont Ruby, mineure à l'époque des faits, ont été condamnés en juillet dernier en première instance à des peines de cinq à sept ans de prison.

Le tribunal de Milan a déposé vendredi les attendus de ce verdict et il en découle clairement que le Cavaliere, 77 ans, ainsi que deux de ses avocats, Niccolo Ghedini et Piero Longo, sont soupçonnés d'avoir payé les jeunes femmes qui participaient aux soirées osées de Silvio Berlusconi pour qu'elles rendent des témoignages favorables à ce dernier.

Lorsque le scandale a éclaté et que le parquet a commencé à enquêter, il y a trois ans, le Cavaliere a, de son propre aveu, commencé à verser 2500 euros (3600 $) mensuels aux participantes à ces soirées pour les dédommager, selon ses dires, des désagréments dus à l'enquête judiciaire.

Ces jeunes femmes, appelées à témoigner dans les deux procès, celui à charge contre Silvio Berlusconi et celui contre ses trois proches, ont nié toute prostitution au cours des soirées en question.

Le versement de 2500 euros par mois «à des personnes qui doivent témoigner dans un procès dans lequel celui qui verse l'argent est inculpé (...) n'est pas une anomalie, mais un acte illégal, une altération des preuves», écrit le tribunal dans ses attendus diffusés par le Corriere della Sera.

Le tribunal a transmis ses conclusions au parquet de Milan qui devrait ouvrir avant Noël, selon les médias, une enquête officielle contre Silvio Berlusconi, deux de ses avocats et les jeunes femmes pour «corruption en actes judiciaires et faux témoignages».

MM. Ghedini et Longo ont affirmé plus tard dans un communiqué que «la prétendue altération des preuves est totalement dénuée de fondement».

«Nous sommes convaincus que le parquet (...) ne pourra demander qu'un classement rapide de cette affaire», ajoutent les deux avocats, assurant que tous les éléments cités dans les attendus sont connus de longue date déjà par les enquêteurs et ne correspondent pas à l'interprétation qu'en fait le tribunal.

Dans le principal procès Rubygate, le Cavaliere a été condamné en première instance à sept ans de prison pour abus de pouvoir et prostitution de mineure. Déjà, dans les attendus du procès, le tribunal affirmait que Berlusconi avait «payé des témoins» et «altéré des preuves».

Silvio Berlusconi, expulsé mercredi du Sénat après sa condamnation définitive à un an de prison pour fraude fiscale, a perdu ainsi son immunité parlementaire et chaque nouvel ennui judiciaire représente pour lui un souci bien plus important que par le passé, même s'il ne risque pas a priori la prison en raison de son âge.