Le premier ministre letton, Valdis Dombrovskis, artisan de l'entrée prochaine de la Lettonie dans la zone euro, a ouvert une crise gouvernementale en annonçant mercredi sa démission après la catastrophe qui a fait 54 morts la semaine dernière à Riga.

«Compte tenu de la tragédie du supermarché et de ses circonstances, il faut un gouvernement qui ait le soutien d'une majorité claire au Parlement (...). J'ai annoncé ma démission du poste de premier ministre en assumant la responsabilité politique de la tragédie», a dit M. Dombrovskis devant la presse après un entretien avec le président Andris Berzins.

Le chef de l'État a accepté la démission de son premier ministre et a annoncé une réunion du Conseil national de la Sécurité le 4 décembre pour étudier les conséquences de cette catastrophe, la pire qui soit survenue depuis l'indépendance en 1991 de ce pays balte de deux millions d'habitants.

«J'appelle tout le monde à regarder vers l'avenir, à assumer ses responsabilités et à agir en conséquence», a-t-il déclaré.

M. Berzins «va lancer des négociations pour la formation d'un nouveau gouvernement la semaine prochaine», a annoncé son cabinet, excluant pour l'instant la tenue d'élections anticipées.

Les prochaines élections législatives en Lettonie sont normalement prévues en octobre 2014.

Le départ annoncé de M. Dombrovskis intervient alors que la Lettonie, membre de l'Union européenne, s'apprête à devenir le 1er janvier prochain le 18e pays de la zone euro. Sa voisine l'Estonie y avait adhéré en janvier 2011.

M. Dombrovskis a fait de l'adhésion de la Lettonie à l'euro un des piliers de sa politique, malgré le manque d'enthousiasme des Lettons qui redoutent que l'abandon de leur devise nationale, le lats, ne provoque une flambée des prix.

Le chef du gouvernement s'était, lui, réjoui au début de l'été du feu vert de Bruxelles en assurant que «l'adhésion à l'euro va stimuler les investissements» en Lettonie.

«Pressions du président»

Son départ «va créer un certain chaos. Il est très probable que la Lettonie va rejoindre la zone euro avec un premier ministre provisoire», a souligné à l'AFP Ivars Ijabs, analyste à l'Université de Lettonie.

«La prochaine coalition sera très probablement la même (que l'actuelle) avec en plus les Verts et l'Union des Paysans (ZZS)», a-t-il estimé.

Pour lui, le départ de M. Dombrovskis est dû aux «pressions du président» : «je pense que d'une certaine façon, c'est irresponsable de la part du président parce qu'il a créé une situation où aucun successeur n'apparaît clairement», en période cette crise.

La démission de M. Dombrovskis, en poste depuis mars 2009 et à la tête de son troisième cabinet, intervient alors que de nombreuses questions restent sans réponse concernant les causes de la catastrophe du supermarché.

Le président n'avait pas hésité à parler samedi de «meurtre» à propos de cette tragédie, posant la question de la responsabilité humaine dans cet accident qui ne pouvait «être qualifié de catastrophe naturelle ou de malchance, parce que la nature n'y a joué aucun rôle».

La police a ouvert une enquête et privilégie trois hypothèses : la conception du bâtiment, sa construction et les nouveaux éléments qui ont été installés sur le toit.

Des travaux étaient en cours sur le toit pour le transformer en jardin suspendu avec des arbustes et une aire de jeux pour enfants.

Mercredi matin, des centaines de Lettons sont venus assister aux funérailles des trois pompiers tués jeudi dernier quand une deuxième partie du toit s'est écroulée alors qu'ils participaient aux secours.

Les sirènes de la ville ont retenti à la sortie de leurs cercueils de la cathédrale de Riga, au coeur de la vieille ville.