L'ex-chef du gouvernement Silvio Berlusconi, au centre de la vie politique italienne depuis 20 ans, se prépare mercredi à un vote qui sanctionnera son expulsion du parlement, sans conséquences immédiates toutefois sur le gouvernement.

Les partisans du Cavaliere ont tenté par tous les moyens de retarder l'échéance au point que les procédures de vote sur la destitution de M. Berlusconi devraient démarrer seulement vers 13h00.

L'issue du scrutin ne fait guère de doutes puisque la gauche et le Mouvement Cinq Etoiles de l'ex-comique Beppe Grillo ont annoncé qu'ils uniraient leurs voix.

Cela aura-t-il un impact sur la tenue du gouvernement? A priori non car l'exécutif gauche-droite mené par Enrico Letta peut compter sur la fidélité de ses cinq ministres de droite dont l'ex-dauphin du Cavaliere, Angelino Alfano, et une patrouille d'au moins 50 parlementaires regroupés sous l'appellation Nouveau Centre droit.

Plaidant pour «une situation politique non chaotique», M. Letta a lancé une sorte d'appel à la raison mardi soir en soulignant lors d'un sommet avec le président russe Vladimir Poutine que l'Italie, en récession depuis deux ans, «a un besoin dramatique de croître et créer des emplois».

De leur côté, les «faucons» du camp Berlusconi ont officialisé leur passage à l'opposition en appelant mardi à voter contre la loi budgétaire, sur laquelle le gouvernement a posé la question de confiance.

Ses partisans ont annoncé en outre une manifestation mercredi après-midi devant sa résidence romaine où environ 10.000 d'entre eux sont annoncés, tandis que ses opposants les plus farouches ont appelé à fêter sa déchéance près du Sénat dans l'après-midi.

Autre question récurrente: Silvio Berlusconi, privé de son immunité parlementaire, pourrait-il être arrêté, par exemple dans une procédure pénale à Naples où il est accusé d'avoir «acheté» un sénateur de gauche en 2006 afin de faire tomber le gouvernement Prodi.

«C'est une hypothèse absurde, et dans la situation actuelle, complètement irréelle», a estimé Franco Coppi, l'un des avocats du magnat des médias, en référence à sa position de chef du centre droit et de l'absence de risque de fuite.

«A son âge, on ne va pas en prison sauf dans des cas exceptionnels», a ajouté Piercamillo Davigo, ex-membre du fameux pool anti-corruption Mains Propres qui avait lancé les premières procédures à l'encontre du Cavaliere.

Jusqu'au dernier moment, Berlusconi a tenté d'éviter le couperet de son humiliante expulsion en assurant avoir des preuves suffisantes pour obtenir une révision du procès Mediaset qui a abouti le 1er août à sa première condamnation définitive en 20 ans d'ennuis judiciaires.

Le vote sur sa destitution est le résultat d'une loi adoptée en 2012 prévoyant l'inégilibilité pendant six ans de tout élu condamné à une peine de plus de deux ans (le Cavaliere s'est vu infliger quatre ans dont trois amnistiés).

Le Cavaliere a annoncé le dépôt prochain d'un recours en révision, même si ses avocats ont semblé plus prudents mardi devant la presse, soulignant vouloir d'abord bâtir «un dossier sérieux et robuste».

Pour Stefano Folli, expert politique du journal Sole 24 Ore, à partir de mercredi, «une page d'histoire se tourne et un nouveau chapitre commence». Même s'il ne faut pas enterrer M. Berlusconi sur le plan politique.

«Berlusconi est encore et restera très puissant, même si son pouvoir est sur le déclin. Il a encore d'énormes ressources, possède toujours ses médias (trois chaînes de télévision, des journaux, ndlr), a obtenu 10 millions de voix il y a six mois», relève le politologue James Waltson, professeur à l'Université américaine de Rome.

Le Cavaliere l'a d'ailleurs lui-même martelé : il restera quoiqu'il arrive à la tête de son parti refondé Forza Italia. Selon des sondages effectués pour son compte, une coalition de droite recueillerait 24% des suffrages en cas d'élections anticipées, «deux points de plus que le centre gauche».