Le chef du gouvernement italien, Enrico Letta, et le président français, François Hollande, ont décidé d'oeuvrer ensemble pour «une Europe de la croissance», lors du 31e sommet franco-italien mercredi à Rome.

Paris et Rome veulent «faire de la croissance de l'emploi, de la stabilité, le coeur de nos décisions pour le sommet européen du mois de décembre», a souligné François Hollande, lors d'une conférence de presse avec son hôte d'un jour.

Rome s'efforcera pendant son semestre de présidence de l'Union européenne de faire en sorte que le prochain mandat des parlementaires européens (2014-2019), qui débute en juin, soit «une législature de croissance». L'Europe «doit en finir avec l'austérité», a martelé M. Letta.

Les entretiens bilatéraux ont été marqués par la cordialité. M. Letta a ainsi félicité les Bleus pour leur qualification au Mondial 2014 de football: «sans la France, cela n'aurait pas été la même Coupe du monde».

Sur le plan européen, François Hollande a ciblé trois objectifs: «poursuivre et achever l'union bancaire» pour «donner les armes à la zone euro» et empêcher une nouvelle crise, «donner une capacité financière à la zone euro» et, à l'instar de M. Letta, il a souhaité des mesures pour stimuler la croissance.

Selon un document de conclusion du sommet, les deux pays ont en particulier demandé l'adoption dès le sommet européen de décembre du «mécanisme de résolution des banques défaillantes et la possibilité de recapitalisation directe des banques par le Mécanisme européen de stabilité».

«Il est absolument nécessaire que le conseil européen de décembre permette le démarrage de l'Union bancaire», a renchéri M. Letta, déplorant «un excès de timidité» dans certains pays européens. 

La ligne à grande vitesse Lyon-Turin «une priorité»

Paris et Rome ont par ailleurs rappelé leur volonté de faire «une priorité» du projet de ligne à grande vitesse (LGV) Lyon-Turin (Tav, treno ad altra velocità en italien).

M. Letta a précisé que, pendant le sommet, il a surtout été question de la ligne Nice-Vintimille-Turin, des élus locaux ayant récemment réclamé des financements pour la rénover.

Interrogé à propos de la compagnie italienne en difficultés Alitalia, M. Hollande a souhaité, sans vouloir se mêler du dossier, que les discussions (avec son actionnaire franco-néerlandais) Air France-KLM), «se poursuivent jusqu'au bout» pour «arriver au meilleur résultat pour les deux compagnies».

Dans le même temps, des heurts ont opposé quelques centaines d'adversaires du Tav à la police, incidents qu'a «profondément» regrettés M. Letta, espérant qu'ils n'aient pas créé «de dommages irréparables».

Un groupe de militants No-Tav, visages masqués et munis de casques, qui tentaient de forcer un cordon de sécurité, ont été repoussés à coups de matraques par les policiers en tenue anti-émeutes. Les manifestants, rassemblés sur le Campo de' Fiori, à deux pas de l'ambassade de France mais très loin de Villa Madama où se tenait le sommet, ont répliqué par des jets de pierre, des tirs de fumigènes et de pétards.

Selon les medias italiens, sept policiers ont été blessés, dont un avec un bac à fleurs.

Lundi, 60 parlementaires français avaient lancé au contraire un appel à François Hollande afin d'accélérer le chantier de ce TGV qui mettrait Paris à un peu plus de 4 heures de Milan, contre 7 heures actuellement.

Après la ratification de l'accord par le Sénat dans la nuit de lundi à mardi, il ne manque plus que le feu vert du Parlement italien, attendu dans les prochaines semaines.

Lancé en 2001, le projet de LGV Lyon-Turin a pris du retard et sa mise en service est prévue au plus tôt en 2025/26.

Pendant le sommet entre M. Hollande, son Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, et M. Letta, les dix ministres de chaque délégation tenaient des discussions bilatérales consacrées aux échéances européennes.

Deux importants accords commerciaux ont été par ailleurs signés dans l'après-midi. L'un dans le domaine des télécommunications, entre les Postes Italiennes et Eutelsat «pour permettre à toute l'Italie d'accéder au vrai haut débit» sur internet, et l'autre dans le domaine spatial, entre la société française Arianespace, l'Européenne ESA et l'Italienne ELV.