La proposition du procureur général d'Irlande du Nord d'arrêter les poursuites pour les crimes commis avant les accords de paix de 1998 a provoqué l'indignation des familles de victimes dans les deux camps mercredi.

Sans aller jusqu'à utiliser le terme d'amnistie générale, John Larkin a reconnu que sa proposition, applicable aussi bien aux groupes paramilitaires qu'à la police ou l'armée, en avait la substance.

«Je pense que le temps est venu pour dessiner une ligne fixée au jour de l'accord du Vendredi saint 1998», a souligné le procureur général, proposant qu'il n'y ait plus d'enquête ni de procédure engagées pour des crimes perpétrés avant cette date.

Pour justifier sa démarche, le procureur a expliqué à la BBC que «plus de quinze ans ont passé depuis les accords de Belfast», qu'il y a eu «très peu de poursuites» et que la perspective de trouver des coupables s'amenuise «d'année en année».

Ces propos ont soulevé un tollé chez les familles des victimes, meurtries par un conflit interconfessionnel qui a causé 3500 morts en trente ans et qui continue à alimenter des violences sporadiques.

Stephen Gault, dont le père a été tué dans un attentat attribué à l'IRA en 1987, a fait part de son «profond dégoût».

Mickey McKinney, frère d'une victime du Bloody Sunday lorsque les soldats britanniques ont ouvert le feu dans le Londonderry en 1972, faisant 14 victimes, a qualifié la proposition du procureur général de «ridicule» et «scandaleuse».

Devant le Parlement, le premier ministre britannique David Cameron a assuré que le gouvernement n'avait «aucune intention de légiférer en vue d'une amnistie pour les crimes commis pendant les troubles».

«Les propos du procureur général lui appartiennent», a insisté David Cameron, renvoyant à la mission de l'ancien diplomate américain, Richard Haass, chargé de trouver un consensus sur les questions laissées en suspens dans le processus de paix.

«Je ne pense pas que les victimes des attentats du 7 juillet (2005) à Londres ou du 11 septembre (2001) à New York soient d'accord avec une telle amnistie. Il n'y a certainement pas eu d'amnistie pour ben Laden. Alors pourquoi y en aurait-il une pour les membres de l'IRA ou les paramilitaires loyalistes?», s'est également interrogé Jeffrey Donaldson du parti démocratique unioniste, majoritaire en Irlande du Nord.