Des inondations «exceptionnelles» ont fait 18 morts, environ 2700 sinistrés et d'importants dégâts matériels en Sardaigne, a indiqué mardi le ministre italien de l'Environnement devant le Parlement.

Les secours, qui cherchent à atteindre des zones difficiles d'accès en raison de glissements de terrain et de l'effondrement de ponts, ont comptabilisé 18 morts, a indiqué le ministre, Andrea Orlando.

«Environ 2700 personnes ont dû quitter leur domicile et sont hébergées dans des structures (publiques) ou chez des parents», a-t-il ajouté, en soulignant le caractère exceptionnel des orages de la veille, avec des pics «de 450 mm de pluie pour une moyenne de 1000 mm sur l'année» en Italie.

Avant son allocution, la Chambre des députés a observé une minute de silence.

Selon le directeur de la protection civile départementale, Gianfranco Galaffu, la tempête de lundi a concerné «environ 20 000 personnes».

«Nous cherchons dans les maisons, dans les sous-sols, spécialement dans des zones périphériques. Il y a beaucoup à faire», a-t-il indiqué à l'AFP, précisant que l'aide arrivait de toute la Sardaigne et du reste de la péninsule.

Les pompiers ont effectué plus de 600 interventions. Selon Silvio Saffiotti, chef de la brigade pour la Sardaigne, «beaucoup de camions de pompage» sont eux-mêmes bloqués dans des zones inondées.

Le gouvernement a décrété l'état d'urgence afin de débloquer immédiatement 20 millions d'euros (environ 28 millions de dollars) pour la recherche des disparus, «l'assistance aux évacués et la remise en service des routes», a annoncé le premier ministre Enrico Letta en parlant d'«évènement absolument exceptionnel».

Olbia, destination touristique prisée l'été, a été presque entièrement inondée. Des centaines de résidants y sont hébergés dans des hôtels, des salles de sport ou pris en charge par d'autres habitants.

Les carabiniers ont signalé avoir déjoué cinq tentatives de pillage à Olbia où des personnes s'étaient présentées comme travaillant pour la mairie ou la protection civile pour pousser des habitants à quitter leur domicile.

Certains habitants se sont plaints de ne pas avoir été correctement avertis. «Une alerte avait été lancée par la protection civile avec le code "rouge" de risque maximum», a rétorqué à l'AFP l'ingénieure Paola Pagliara, responsable des risques hydrogéologiques de cet organisme public.

Le phénomène a été, selon l'ingénieure, «exceptionnel par son ampleur et son extension» puisqu'il a frappé «toute la partie orientale de la Sardaigne pendant 24 heures». Toutefois, Mme Pagliara a souligné que l'Italie est «touchée chaque année par deux ou trois perturbations de ce genre, des cyclones méditerranéens».

Quant à la prévention de ce type d'évènements, l'ingénieure Pagliara a rappelé que 82 % des communes en Italie ont une zone à risque d'effondrement ou d'inondation. Il faudrait, a-t-elle noté, «beaucoup de ressources, des milliards, pour les interventions structurelles sur les cours d'eau, les versants à risques». Elle a souligné aussi «un problème d'urbanisation avec des constructions faites surtout dans les années 70/80 à des endroits à risque».

Le nombre de régions frappées par des inondations a doublé en 10 ans, passant de quatre à huit, selon l'organisation écologiste Legambiente qui a appelé à dépenser davantage pour la prévention.

Dans la seule zone d'Olbia, 13 personnes ont péri, dont trois d'une même famille tuées dans leur voiture par l'effondrement d'un pont routier. A Arzachena, non loin de là, les quatre membres d'une famille brésilienne sont morts noyés dans leur appartement en sous-sol.

Un policier qui escortait avec des collègues une ambulance est décédé quand la route sur laquelle ils circulaient s'est écroulée.

Le mauvais temps s'est déplacé mardi notamment en Calabre, où 145 mm de pluie sont tombés en 6 heures, inondant un siège local de la protection civile, et où un village de 150 habitants a été évacué. En Campanie (région de Naples), les ferries ont été en partie stoppés ou leur circulation perturbée.

Les intempéries ont entraîné aussi l'«acqua alta», le phénomène qui, à marée haute, recouvre régulièrement d'eau la ville de Venise avec un niveau de 1,24 mètre au-dessus de celui de la mer.