Cinq cyclistes sont morts en neuf jours à Londres, une série dramatiquement inhabituelle qui met en émoi la communauté du vélo et la pression sur le maire Boris Johnson, accusé jeudi de fuir ses responsabilités.

Avec seize victimes en 2011 et quatorze en 2012, Londres n'était déjà pas réputée pour être particulièrement accueillante pour les cyclistes - aucun cycliste n'est décédé à Paris en 2011 -, mais la série actuelle, inexplicable par son ampleur, fait voler en éclat les statistiques habituelles.

La dernière victime, la treizième de l'année, est décédée jeudi à l'hôpital après avoir été fauchée par un bus à l'impériale à Aldgate, dans l'Est de la capitale.

La veille, une citoyenne russe est morte écrasée par un camion à l'heure de pointe dans un rond-point de l'Est de Londres.

Sans s'expliquer cette succession de drames, les associations de cyclistes comme «Cycling charity CTC» se sont déclarées «dégoûtées par l'incapacité persistante de protéger les cyclistes, en particulier des dangers que représentent les camions».

Jeudi, l'affaire a pris une tournure politique après les déclarations au micro d'une radio londonienne de Boris Johnson qui a jugé qu'«aucun aménagement de la route ne saura sauver des vies tant que les cyclistes ne respectent pas les règles et les panneaux de signalisation».

«C'est faire insulte aux victimes que de continuer à dire que c'est de leur faute, plutôt que d'accepter sa propre responsabilité. Quatre des cinq victimes de ces neuf derniers jours étaient concernées soit par les bus rouges soit par les lignes bleues», s'est aussitôt offusqué le conseiller municipal vert, Darren Johnson.

Dans son viseur, les «autoroutes cyclables» londoniennes, peintes en bleu, introduites en 2008 par Ken Livingstone, le prédécesseur à la mairie de Boris Johnson, et qui étaient pourtant censées protéger les cyclistes dans la jungle urbaine.

«Il faut qu'on ait davantage de voies qui isolent physiquement les cyclistes du trafic sur les routes», a souligné le vice-premier ministre Nick Clegg.

Le responsable du dossier à la mairie, Andrew Gilligan, a déclaré que c'était prévu. Des plans d'amélioration vont prochainement être mis à l'étude, mais il faudra attendre au moins onze mois pour les voir mis en oeuvre, a-t-il précisé à la BBC.

Il a également fait remarquer que 69 piétons étaient décédés l'année dernière à Londres sans que ça fasse autant de bruit dans les médias.