La Commission électorale kosovare se demandait mardi si elle allait ou non faire procéder à un nouveau scrutin dans le nord du Kosovo, peuplé par les Serbes, où les élections municipales de dimanche ont été interrompues par des extrémistes.

«Ce n'est qu'à l'issue de l'analyse du matériel électoral que nous pourrons voir (...) si un nouveau vote aura lieu» dans ces circonscriptions, a indiqué Valdete Daka, présidente de la commission électorale.

Une heure avant la clôture du scrutin municipal du 3 novembre, des extrémistes encagoulés ont fait irruption dans des bureaux de vote de la partie nord de la ville de Kosovska Mitrovica, où les Serbes sont majoritaires, et ont agressé le personnel de ces bureaux et des électeurs, détruisant les urnes, avant de s'enfuir.

La commission décidera soit de procéder à un nouveau vote dans un seul des trois bureaux où les incidents sont survenus ou de le reprogrammer dans toute la municipalité de Mitrovica nord, a indiqué à l'AFP une source de la commission électorale.

Une mission de l'UE chargée d'observer les municipales a condamné mardi l'interruption du vote dans le nord du Kosovo. «Ce n'étaient pas seulement des attaques des bâtiments des bureaux de vote. C'était une attaque du droit fondamental du peuple de s'exprimer dans les urnes», a déclaré Roberto Gualtieri, chef de la mission européenne.

Les observateurs ont également fait état de «l'omniprésence des intimidations et des pressions sur les militants politiques et les électeurs».

Le vote a été organisé dans le nord du territoire kosovar avec la bénédiction et le soutien de Belgrade pour la première fois depuis l'indépendance du Kosovo proclamée en 2008. Quelque 40 000 Serbes vivant dans cette partie du Kosovo ne reconnaissent pas l'autorité de Pristina.

L'OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe), qui avait pour mission d'aider à l'organisation des municipales, a indiqué que moins d'un Serbe sur cinq a voté dimanche.

Hormis les incidents dans le nord, la mission de l'UE a jugé que le déroulement du vote avait été  «satisfaisant dans la grande majorité des bureaux de vote observés».

Les États-Unis, soutiens de la première heure du Kosovo, ont salué ces «élections historiques» tout en «condamnant les attaques à Mitrovica».

La mission de l'UE présentera début 2014 son rapport final et ses recommandations pour de futures élections.

Les municipales kosovares étaient considérées comme un test pour l'application de l'accord de normalisation des relations entre Belgrade et Pristina, conclu en avril dernier à Bruxelles sous le parrainage de l'Union européenne (UE).

L'UE a donné feu vert à la Serbie pour ouvrir les négociations d'adhésion avec Bruxelles et la mise en oeuvre de cet accord est à cet égard cruciale.

Pour le Kosovo, dont l'indépendance est reconnue par la plupart des pays membres de l'UE, tout l'enjeu était de parvenir à un vote libre et juste, avec une importante participation des Serbes, dans le cadre de son rapprochement avec Bruxelles.

Les Premiers ministres serbe et kosovar, Ivica Dacic et Hashim Thaçi, se réuniront mercredi à Bruxelles avec le chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton pour «discuter des municipales de dimanche», a annoncé le gouvernement serbe dans un communiqué.