La ministre italienne de la Justice, Annamaria Cancellieri, accusée d'avoir facilité la sortie de prison de la fille d'un magnat des assurances, s'est défendue mardi de toute ingérence, invoquant son «honneur» et ses «devoirs».

«Je n'ai jamais sollicité la libération» de Giulia Ligresti, désormais assignée à résidence en raison de problèmes de santé, a expliqué la ministre devant le Sénat, avant de se rendre à la Chambre des Députés.

Le parti d'opposition Cinq Étoiles a déposé une «motion de défiance» à l'encontre de la ministre qui a cependant peu de chances d'aboutir, les partis majoritaires au Parlement - PDL (centre-droit) et PD (centre-gauche) - ayant apporté leur soutien à la ministre.

Avec à ses côtés le gouvernement de coalition gauche-droite d'Enrico Letta, venu au complet la soutenir, Mme Cancellieri a déclaré, invoquant «son honneur», avoir «agi sans jamais déroger à ses devoirs de ministre».

Giulia Maria Ligresti, qui souffre d'anorexie et d'anxiété, avait été arrêtée en même temps que son père et sa soeur dans le cadre d'une enquête sur des manipulations financières au sein du groupe d'assurances Fondiaria-SAI, contrôlé par cette famille jusqu'en 2012.

Cette libération «ne s'est pas produite à la suite de pressions de ma part», il s'agit d'une «décision autonome» du parquet, a précisé la ministre, soulignant que le nombre élevé et «inacceptable» de suicides dans les prisons était pour elle «un poids».

Elle a également rappelé son implication «quasi-quotidienne» dans l'amélioration des conditions de détention en Italie, qui connaît une grave surpopulation carcérale, dénoncée récemment par le président de la République Giorgio Napolitano.

«Je suis une femme libre, j'ai toujours été moi-même», a-t-elle poursuivi, en précisant que ses rapports avec la famille Ligresti étaient des liens d'«amitié et d'humanité».

Le fils de la ministre, Piergiorgio Peluso, a occupé un poste de cadre dirigeant du groupe Fondiaria-SAI entre 2011 et 2012. «À cette époque, je n'étais qu'une tranquille retraitée qui jamais n'aurait pensé devenir un jour ministre», a déclaré Annamaria Cancellieri, 70 ans.

«Jamais mes rapports personnels n'ont influencé mon travail au gouvernement», a encore affirmé la ministre, se défendant de tout conflit d'intérêts.