Les Géorgiens ont commencé à voter dimanche pour élire le  successeur du réformateur pro-occidental Mikheïl Saakachvili, une élection où le candidat de son adversaire, milliardaire et premier ministre Bidzina Ivanichvili, est favori.

Les bureaux de vote ont ouvert à 08h00 locales et fermeront à 20h00.

Le scrutin marque la fin de l'époque tumultueuse de Saakachvili arrivé au pouvoir il y a dix ans à l'issue de la Révolution de la Rose et du pouvoir présidentiel fort dans cette ex-république soviétique du Caucase de 4,5 millions d'habitants.

Après cette élection contestée par des seconds couteaux, le président aura moins de pouvoirs que le premier ministre en vertu d'une réforme constitutionnelle.

Le président sortant dont le mouvement avait été battu par M. Ivanichvili aux législatives d'octobre 2012 n'avait pas le droit de se présenter à l'issue de deux mandats consécutifs.

Selon les sondages, Guiorgui Margvelachvili, candidat du mouvement Rêve géorgien d'Ivanichvili est le favori de la course devant l'ex-président du Parlement David Bakradzé, candidat de Saakachvili.

M. Margvelachvili, ex-professeur de philosophie de 44 ans, et peu connu du grand public et sans expérience politique.

Il est aux antipodes du flamboyant Saakachvili qui a taxé Margvelachvili de «marionnette» du milliardaire Ivanichvili.

Il est crédité de 40% des intentions de vote contre 20% pour M. Bakradzé mais se dit confiant de remporter dès le premier tour l'élection à laquelle se présentent 23 candidats.

La participation au scrutin de la charismatique Nino Bourdjanadzé, ancienne présidente du Parlement, et le fait que 20% des électeurs se disent indécis rend un second tour possible.

Quel que soit le vainqueur, c'est la coalition de Bidzina Ivanichvili qui va continuer de diriger le gouvernement.

M. Ivanichvili a promis de se retirer de la scène politique après l'élection et de désigner son successeur à la tête du gouvernement.

Aucun homme politique en Géorgie ne conteste le cap à l'Ouest prôné par Saakachvili, mais son successeur devra travailler dur pour améliorer les relations avec la Russie.

Les deux pays n'ont pas de relations diplomatiques après la guerre de cinq jours en août 2008 pour le contrôle du territoire séparatiste pro-russe de l'Ossétie du Sud.

La Russie a reconnu dans la foulée ce territoire ainsi que l'autre république séparatiste géorgienne de l'Abkhazie.

Des milliers de militaires russes sont stationnés depuis sur ces territoires dont Tbilissi semble avoir perdu le contrôle à jamais.

Les observateurs de l'OSCE ont décrit la campagne comme «beaucoup plus calme» que celle des législatives d'octobre 2012, qui avaient vu la première passation de pouvoir pacifique dans ce pays, après la défaite du camp Saakachvili.

La Géorgie a connu une année de cohabitation difficile entre le président et M. Ivanichvili, devenu premier ministre.

Plusieurs proches alliés de Saakachvili ont été arrêtés suscitant l'inquiétude des capitales occidentales qui soupçonnent des poursuites politiquement motivées.

M. Ivanichvili a qualifié M. Saakachvili d'«homme politiquement mort» et a prévenu qu'il pourrait lui aussi faire l'objet de poursuites.

Critiqué pour son style autoritaire et des entorses à la liberté de la presse et surtout pour la guerre désastreuse avec la Russie, Saakachvili a cependant réussi en dix ans à endiguer la corruption, à construire des infrastructures et relancer l'économie de ce pays qui avait connu après la chute de l'URSS en 1991 une guerre civile et l'effondrement de l'économie.

Les réformes lancées par Saakachvili, un avocat formé aux États-Unis et en France, n'ont pas été appréciées par tous: le pays a connu plusieurs manifestations de protestation massives exigeant le départ de Saakachvili, dont certaines ont été violemment dispersées par la police.