Jean-Claude Juncker, premier ministre du Luxembourg depuis près de 19 ans, a été évincé vendredi du processus de formation du prochain gouvernement au profit du libéral Xavier Bettel.

«Ayant pris acte de la volonté» des trois partis «de former le nouveau gouvernement», le chef de l'État, le Grand-Duc Henri, a reçu M. Bettel «pour le charger de la formation du nouveau gouvernement», a annoncé le Palais.

Jean-Claude Juncker est premier ministre depuis 1995 et membre du gouvernement depuis 1982. Son parti chrétien social était au pouvoir sans interruption depuis 1944, sauf entre 1974 et 1979, où les libéraux avaient déjà fait alliance avec les socialistes.

Tout en restant le premier parti du pays, les chrétiens sociaux ont perdu des voix et trois sièges lors des élections anticipées de dimanche dernier. Ils ont 23 des 60 sièges de la chambre des députés.

Les libéraux du Parti démocratique (DP) ont été les grands gagnants du scrutin, avec quatre sièges de députés supplémentaires.

Ils avaient aussitôt entamé des pourparlers avec les socialistes (13 sièges également) et les écologistes (6) pour former une coalition sans les chrétiens-sociaux.

Les libéraux, les socialistes et les Verts, qui ont donc obtenu 32 députés à eux trois, devraient avoir besoin de plusieurs semaines pour s'entendre sur un programme de législature, qui au Luxembourg dure cinq ans. M. Bettel a indiqué qu'il espérait y parvenir d'ici au début du mois de décembre.

En attendant, le gouvernement sortant de M. Juncker reste en place et expédie les affaires courantes.

«Mon état d'esprit n'est pas celui de quelqu'un qui se retire de la politique luxembourgeoise, bien au contraire», a déclaré M. Juncker après avoir participé au sommet européen à Bruxelles. Il a refusé de commenter la décision prise par le Grand-Duc.