Sacha et Atanas Roussev, un couple de Roms en Bulgarie, sont les parents de la petite Maria, fillette découverte mystérieusement dans un camp rom dans le centre de la Grèce, selon les résultats des tests ADN publiés vendredi par le ministère bulgare de l'Intérieur.

«Les tests ADN ont montré que Sacha Roussev est la mère biologique et qu'Atanas Roussev est le père biologique de l'enfant appelé Maria», surnommée dans les médias «l'ange blond», a expliqué devant des journalistes Svetlozar Lazarov, secrétaire général du ministère de l'Intérieur responsable de la communication.

Maria, âgée de 4 à 6 ans, devrait désormais être accueillie dans un centre d'assistance sociale en Bulgarie, puis placée dans une famille d'accueil bulgare, a indiqué Yana Kaneva, responsable de la Direction régionale des services sociaux à Stara Zagora, à l'agence de presse bulgare BGNES.

La fillette avait été découverte le 16 octobre dans un camp rom de Farsala, près de Larissa en Grèce. Sa photo a fait le tour du monde, alors que les autorités grecques avaient saisi Interpol pour établir son identité.

Le couple rom vivant en Grèce qui en avait la garde - un homme de 39 ans et une femme de 40 ans - a été inculpé le 21 octobre d'«enlèvement» et placé en détention dans l'attente d'un procès.

Les parents biologiques de l'ange blond d'Athènes ont été interrogés jeudi par la police bulgare. Sacha Roussev, âgée de 35 ans, avait affirmé devant les enquêteurs avoir reconnu les personnes à qui elle avait laissé son bébé lorsqu'elle se trouvait en Grèce.

Les autorités bulgares disposaient du profil ADN de la petite Maria et de photos, et des tests ADN avaient été ordonnés par le Parquet de Stara Zagora qui avait également ouvert une enquête pour abandon d'enfants «contre une femme dont les initiales du nom sont S. Zh. R.».

Après son interrogatoire, Sacha Roussev avait déclaré avoir «donné» son enfant. «Nous n'avons pas pris d'argent. Nous n'avions pas assez pour la nourrir».

Le frère de Maria à Nikolaevo

Atanas, âgé de trois ans, peau blanche, cheveux très blonds, traîne dans la poussière du ghetto rom de Nikolaevo, en Bulgarie: il est le frère de la petite Maria trouvée dans un camp rom en Grèce et peut-être vendue par sa mère à un couple rom.

Pieds nus, Penka, fillette de deux ans aux yeux bleus et joues rouges, petite robe d'été malgré la fraîcheur de l'automne, est aussi blonde que son frère et ressemble bien à Maria.

Ces deux petits Roms, leur frère et deux soeurs adolescents, ainsi qu'une tante, se font remarquer parmi les quelque 700 habitants du ghetto à Nikolaevo (centre de la Bulgarie), mais ne surprennent personne dans leur communauté.

La surprise est créée par l'intérêt des médias car les parents - Atanas et Sacha Roussev - ont été entendus jeudi par la police pour expliquer pourquoi ils ont abandonné en 2009 leur bébé Maria, née en Grèce. 

«Atanas et Sacha sont bruns, mais nous avons deux oncles blonds et certains des enfants sont comme eux», explique Filip Roussev, frère d'Atanas Roussev.

«Les Roussev étaient en Grèce pour la cueillette des poivrons, illégalement, sans contrat. Quand leur fille est née, ils ne pouvaient pas obtenir des papiers d'identité à son nom pour la ramener en Bulgarie. Cela coûte cher. Ils l'ont donc laissée à une famille», explique Anton Kolev, un cousin.

Sacha a pleuré en voyant Maria à la TV

Compatissantes, les voisines racontent comment Sacha Roussev s'est mise à pleurer en voyant à la télévision la mystérieuse Maria trouvée dans un camp rom en Grèce.

«Ma mère a dit: cet enfant est à moi», témoigne Fanka Roussev, 12 ans, une des filles aînées qui s'occupe des petits en l'absence des parents.

Selon la police, Sacha Roussev a indiqué avoir reconnu à la télévision le couple rom auquel elle avait laissé son bébé en Grèce et les enquêteurs ont décidé de procéder à des tests ADN pour établir le  lien de parenté entre les Roussev et Maria.

À son retour des interrogatoires, dans la soirée de jeudi, Sacha Roussev, petite femme brune maigre et épuisée, soupirait: «Je ne suis pas sûre que cette Maria soit ma fille, mais cela se pourrait. Et surtout je ne l'ai pas vendue! Si c'était le cas, aurions-nous vécu ainsi?»

Les Roussev, âgés de 35 et 38 ans, habitent avec cinq de leurs neuf enfants dans une pièce meublée seulement d'un poêle à bois et d'un lit double. Les parents, sans emploi, vivent d'aides sociales et de travaux occasionnels.

Le ghetto rom, plongé dans la misère, manque de canalisations et ses habitants se plaignent d'inondations fréquentes. Les maisons sont décrépies, entourées de tas d'ordures, l'éclairage public n'existe pas. Les repas sont composés de pain, de haricots et de pommes de terre.

«Dans ce quartier, nous sommes presque tous illettrés. Au moins les enfants vont à l'école, mais pas l'hiver parce que nous n'avons rien pour les habiller», regrette Anton Kolev.

Les allocations chômage se chiffrent à 40 leva (21 EUR) par mois et les aides à 35 leva (18 EUR) par enfant. Collecte de plantes médicinales, remise d'objets en fer pour recyclage: tout est bon pour gagner quelques sous afin de joindre les deux bouts.

Ainsi, certains ne croient pas que les Roussev aient cédé gratuitement leur enfant en Grèce. «Ils auront touché 200 ou 300 euros [entre 290 et 430$] qui leur ont servi pour retourner en Bulgarie», assure un jeune voisin ayant travaillé comme ouvrier en Grèce.