Une kamikaze originaire du Daguestan, république instable du Caucase russe, a tué lundi six personnes en se faisant exploser dans un autobus rempli d'étudiants à Volgograd, un attentat qui a ravivé les craintes concernant la sécurité à 100 jours des JO de Sotchi.

«Six personnes ont été tuées ainsi que la femme kamikaze» dans l'explosion survenue vers 14 h locales (6 h à Montréal) à Volgograd (ex-Stalingrad, sud), a indiqué à l'AFP un porte-parole du comité d'enquête russe.

«L'enquête a été ouverte pour attentat terroriste, meurtre et trafic d'armes et d'explosifs», a ajouté un responsable du comité d'enquête, Vladimir Markine, dans un communiqué.

Selon les informations diffusées par la branche locale du comité d'enquête, la kamikaze «s'est récemment convertie à l'islam».

Il s'agit de Naïda Assialova, 30 ans, habitante de Makhatchkala, capitale du Daguestan, république instable du Caucase, proche de la Tchétchénie, a précisé M. Markine.

Selon les enquêteurs, elle avait fait ses études à Moscou où elle a fait la connaissance de Dmitri Sokolov, son futur époux, qu'elle a «enrôlé» dans la mouvance islamiste armée.

«Sokolov s'est rendu au Daguestan. Aujourd'hui, il est recherché comme membre d'un groupe armé de Makhatchkala», a indiqué la branche locale du comité d'enquête.

Il y avait «beaucoup d'étudiants» à bord du bus au moment de l'explosion, survenue en plein milieu du véhicule, a indiqué sur la radio Écho de Moscou Vladimir, un habitant de Volgograd dont la fille est sortie indemne de l'attentat.

«Le bus a été déchiqueté (...) C'était affreux», a-t-il ajouté.

La chaîne publique Rossia 24 a montré des images de la déflagration.

Le comité antiterroriste a mis en place une cellule de crise qui «fait en sorte d'éviter de nouvelles explosions».

Aucun bus de la ligne concernée ne circulait lundi après-midi à Volgograd, une ville située à 900 kilomètres au sud de Moscou, a indiqué le représentant d'une entreprise de transport, cité par l'agence Ria Novosti.

«Nous avons reçu une directive du ministère des Situations d'urgence», a expliqué ce responsable.

Trente-deux personnes ont été hospitalisées suite à l'attentat dont «sept dans un état extrêmement grave», a indiqué le comité d'enquête dans un communiqué.

Citant les enquêteurs, Rossia 24 avait indiqué dans un premier temps qu'il pouvait s'agir de l'explosion d'une bonbonne de gaz utilisée sur certains transports comme carburant.

La police a ensuite déclaré que cette hypothèse était «prématurée».

La Russie a été frappée depuis 1999 par une série d'attentats sanglants, plusieurs d'entre eux étant commis par des femmes kamikaze, arme privilégiée de la rébellion islamiste.

Cette rébellion a notamment revendiqué un double attentat-suicide en mars 2010 dans le métro de Moscou (40 morts) et un autre à l'aéroport Moscou-Domodedovo en janvier 2011 (36 morts).

Après la première guerre de Tchétchénie (1994-1996), la rébellion s'est progressivement islamisée et a de plus en plus débordé hors des frontières de cette petite république pour se transformer au milieu des années 2000 en un mouvement islamiste armé actif dans tout le Caucase du Nord.

Le chef des islamistes du Caucase russe Dokou Oumarov, ennemi numéro un du Kremlin, avait appelé en juillet dans une vidéo à des attaques contre les JO de Sotchi (sud), qui s'ouvrent le 7 février, pour empêcher «par tous les moyens» la tenue de cet événement.

«Oumarov a à maintes reprises déclaré qu'il voulait porter le terrorisme partout en Russie. Ils ont menacé Sotchi, mais pas seulement», a souligné Alexandre Tcherkassov de l'ONG Memorial interrogé par l'AFP.

«Nous vivons avec la menace terroriste et cette attaque nous le rappelle», a-t-il conclu.