Des heurts entre la police et des centaines de personnes hostiles au déroulement du premier défilé de la fierté gaie organisée à Podgorica ont fait vingt blessés parmi les policiers de la capitale du Monténégro, pays très conservateur qui négocie son adhésion à l'Union européenne.

Les adversaires ont jeté des pierres et des pétards en direction des membres des forces de l'ordre qui les empêchaient de s'approcher du défilé, blessant vingt d'entre eux, dont un grièvement, a-t-on indiqué de source hospitalière.

Les policiers ont riposté par des tirs de gaz lacrymogène et des coups de matraque, interpellant une soixantaine de leurs assaillants.

Aucun bilan sur d'éventuels blessés du côté des manifestants hostiles au défilé de la fierté gaie n'était disponible.

Le défilé lui-même, encadré par un important dispositif policier, s'est néanmoins déroulé sans incident.

Plus de 2000 policiers ont scellé le centre de Podgorica pour empêcher les adversaires du défilé de s'approcher des militants arc-en-ciel.

Seuls les participants au défilé et les personnes munies d'une accréditation étaient autorisés à pénétrer dans le centre de la capitale monténégrine.

Un hélicoptère de la police a survolé Podgorica tout au long de la manifestation.

Les heurts se sont produits, en plusieurs endroits, aux abords du périmètre de sécurité mis en place par les forces de l'ordre.

Des vitrines de cafés et de magasins ont été brisées, des conteneurs d'ordures renversés au milieu des rues, jonchées de pierres et de débris.

La police a repoussé toutes les tentatives des adversaires du défilé de s'en prendre aux manifestants et les deux groupes ne sont à aucun moment entrés en contact.

Les participants au défilé de la fierté gaie, qui ne pouvaient ni entendre ni voir les heurts, ont défilé dans une atmosphère bon enfant, brandissant des drapeaux aux couleurs de l'arc-en-ciel et des pancartes pour réclamer «Les mêmes droits pour tout le monde».

À la fin de la manifestation, par souci de sécurité, la police a néanmoins évacué les participants au défilé à bord de fourgons de police vers des «destinations sécurisés».

En fin d'après-midi, le calme était revenu dans la capitale monténégrine et aucun nouvel incident n'a été signalé.

Le gouvernement monténégrin, qui a entamé les négociations d'adhésion à l'UE en juin 2012, a soutenu l'événement avec notamment la participation du ministre des Droits de l'Homme et des minorités, Suad Numanovic.

«À partir d'aujourd'hui, la communauté LGBT (lesbiennes, gais, bisexuels et transsexuels) n'est plus invisible au Monténégro, mais nous allons poursuivre la lutte pour nos droits», a lancé aux participants Danijel Kalezic, un des organisateurs.

En juillet, des heurts avaient opposé la police monténégrine à une centaine de personnes hostiles au déroulement du premier défilé de la fierté gaie au Monténégro, organisée dans la ville côtière de Budva.

La communauté homosexuelle mène une vie très discrète au Monténégro, petit pays de 650 000 habitants, redoutant de faire l'objet d'agressions et ne faisant pas confiance aux autorités pour les protéger.

Selon des sondages, 70% des Monténégrins considèrent toujours l'homosexualité comme une maladie.