Huit anciens militaires serbes de Bosnie ont été arrêtés jeudi dans la région de Rogatica (est) dans le cadre d'une enquête du Parquet local qui les accuse notamment d'avoir exécuté au moins vingt civils au début du conflit intercommunautaire de 1992 à 1995.

Les huit hommes sont soupçonnés d'avoir participé en septembre 1992 à «l'expulsion de civils musulmans de plusieurs villages» des alentours de Rogatica, lit-on dans un communiqué du Parquet bosnien pour crimes de guerre.

Selon la même source, ils ont enfermé dans une étable dans le village de Karacici «une vingtaine de civils, dont des femmes et des enfants», qui ont ensuite tous été fusillés par un des suspects, Mile Kusic.

Après l'exécution, les suspects ont mis le feu à l'étable. Les restes de quatre victimes ont été retrouvés sur le lieu du crime, alors que les autres victimes sont toujours portées disparues, précise-t-on.

Mile Kusic et deux autres anciens militaires, Ilija Vukasinovic et Sasa Perkovic, sont soupçonnés d'avoir arrêté un important groupe de civils dans les villages de Kramer Selo et de Rakitnica.

Ils en avaient séparé des hommes dont «un grand nombre ont été tués et n'ont jamais été retrouvés», et avaient incarcéré des femmes et des enfants, selon le Parquet.

Au début du conflit bosnien, les forces serbes de Bosnie avaient pris le contrôle des deux tiers du territoire de cette ancienne république yougoslave, dont l'est du pays, tuant des milliers de civils et expulsant de ces régions presque tous leurs habitants non serbes, dans une campagne de «nettoyage ethnique».

Un ancien officier des forces serbes de Bosnie, Stojan Perkovic, a été condamné en 2009 à 12 ans de prison après avoir plaidé coupable des crimes commis par ses militaires dans la région de Rogatica.

Deux autres anciens militaires serbes de Bosnie, Dragoje Paunovic et Radislav Ljubinac, ont été condamnés respectivement à 20 et à 10 ans de prison pour «crimes contre l'humanité» commis dans cette même région durant 1992.

La guerre de Bosnie a fait quelque 100 000 morts et environ 2 millions de réfugiés et de déplacés dans un pays qui compte aujourd'hui quelque 3,8 millions d'habitants.