Le numéro deux de l'ambassade des Pays-Bas à Moscou a été agressé à son domicile par deux inconnus dans un contexte de tensions entre les deux pays, et La Haye a exigé mercredi des assurances de la Russie pour la sécurité de ses ressortissants.

La semaine dernière, le président russe, Vladimir Poutine, avait exigé des «excuses» des Pays-Bas après l'intervention musclée de policiers au domicile du numéro 2 de l'ambassade russe à La Haye.

Onno Elderenbosch, numéro deux de l'ambassade des Pays-Bas en Russie, a été agressé mardi soir en rentrant chez lui dans le centre de Moscou, ont rapporté mercredi les autorités et des médias.

Une enquête pour «violation de domicile avec violence» a été ouverte, a indiqué le comité d'enquête russe, principal organe chargé des investigations criminelles.

Le Premier ministre néerlandais, Mark Rutte, a déclaré que l'ambassadeur russe à La Haye avait été convoqué pour «examiner les faits de manière très précise».

Interrogé par des journalistes sur la visite en Russie prévue début novembre du roi des Pays-Bas, Willem-Alexander, et de son épouse Maxima, M. Rutte a souligné qu'il «avait besoin des faits» avant de prendre une décision.

Le ministre néerlandais des Affaires étrangères, Frans Timmermans, a écrit sur sa page Facebook que les ressortissants néerlandais devaient «pouvoir travailler en toute sécurité, et je veux l'assurance des autorités russes qu'elles prennent leurs responsabilités sur ce point», a-t-il souligné.

Le ministère russe des Affaires étrangères a exprimé ses «regrets» à la suite de cet incident, ajoutant que la police prenait «toutes les mesures nécessaires pour rechercher et arrêter» les coupables.

Le site d'informations russe Life News a raconté mercredi le déroulement de l'agression en citant une source policière.

En entrant dans son immeuble, le diplomate a constaté que l'ascenseur ne fonctionnait pas et a pris l'escalier. Arrivé sur son palier, il s'est retrouvé face à deux hommes en combinaison d'électricien, examinant un tableau électrique. Evoquant un problème dans l'immeuble, il lui ont demandé d'entrer chez lui pour vérifier s'il avait du courant.

«Quand le diplomate a ouvert la porte, on l'a poussé dans le dos, il a été précipité dans l'entrée et est tombé, se cognant le visage sur le sol. Il a aussitôt été ligoté, après quoi les agresseurs ont mis l'appartement sens dessus dessous», selon la même source.

Avant de partir, les deux hommes ont dessiné avec un rouge à lèvres sur un miroir un coeur et l'inscription en russe LGBT (lesbienne, gay, bisexuel, transsexuel), a encore raconté Life News, photo à l'appui.

Les capitales européennes et Moscou s'opposent sur le thème des droits des minorités sexuelles depuis l'adoption en Russie d'une loi contre la «propagande» homosexuelle devant mineurs.

Le diplomate néerlandais, âgé de 60 ans, n'a pas sollicité d'aide médicale après l'agression et a indiqué qu'il se sentait bien.

Aucun objet de valeur n'a été volé dans l'appartement du diplomate, selon Life News.

Washington a «fermement condamné l'agression» contre le diplomate néerlandais et a demandé aux autorités russes «d'enquêter à fond sur cette attaque inadmissible et de traduire en justice son responsable». Les États-Unis sont «aussi préoccupés par la dimension anti-LGBT» de cet incident, a ajouté Mme Jen Psaki, porte-parole du département d'État.

Rappelant l'«agression» dont avait été victime la semaine dernière le numéro deux de l'ambassade russe à La Haye, Life News a indiqué que les experts interrogés n'avaient «pas trouvé de lien pour l'instant entre ces deux événements».

Dmitri Borodine, numéro deux de l'ambassade de Russie aux Pays-Bas, avait été interpellé à son domicile le 5 octobre, des voisins ayant affirmé à la police qu'il maltraitait ses enfants.

Le président Vladimir Poutine avait exigé des «excuses» des Pays-Bas, dénonçant une violation de la convention de Vienne qui accorde l'immunité aux diplomates, et réclamant que les coupables soient punis.

Les Pays-Bas ont ensuite présenté leurs excuses à la Russie mais ajouté ne pas pouvoir mettre en cause l'attitude des policiers, compte tenu des circonstances.

Les relations entre la Russie et les Pays-Bas sont par ailleurs tendues depuis l'arraisonnement le 19 septembre dans l'Arctique russe du navire de Greenpeace Arctic Sunrise, qui bat pavillon néerlandais.

Les 30 membres d'équipage, parmi lesquels 26 étrangers, ont été placés en détention provisoire et inculpés de «piraterie», un crime pour lequel ils risquent jusqu'à 15 ans de détention.