Un mouvement citoyen, le Parti X, a été lancé mardi en Espagne, avec des ex-membres du mouvement des Indignés, né en 2011, et dénonçant, comme lui, «une classe politique corrompue et incapable» de sortir de la crise.

«La majeure partie des personnes du réseau citoyen Parti X, bien que pas toutes, nous nous sentons du 15M», le mouvement des Indignés lancé le 15 mai 2011, explique le parti sur son site internet.

Comme pour les Indignés, ce parti fonctionne avec des personnes qui «travaillent» sur des tâches précises et ne dispose d'aucun organe dirigeant ou de listes en vue des prochaines échéances électorales. «Nous n'avons pas de liste fermée comme les autres partis», a expliqué à l'AFP une porte-parole, le nouveau parti se voyant plus comme «un groupe de pression».

Quant au programme, «nous proposons un plan d'urgence de sortie de crise. Nous pensons que c'est le moment d'une réponse citoyenne et que les conditions sont réunies», a affirmé l'une des intervenantes, lors de la présentation du nouveau parti.

Le projet de programme affiché sur le site est d'ailleurs ouvert aux amendements des citoyens, ont souligné les intervenants.

«Nous voulons que les coupables de la crise soient jugés et un plan d'action pour les citoyens (un Nuremberg financier et un plan Marshall adapté au 21è siècle)», affirme le parti sur son site internet www.partidox.org.

Car la lutte contre la corruption et la fraude est l'un des piliers importants du programme. «Comme de par hasard, la somme qui manque pour sortir de la crise est égale à celle qui n'a pas été payée» au fisc, affirme ce parti, dénonçant l'évasion fiscale.

«La seule réduction de la fraude fiscale des grandes entreprises rapporterait à l'État 30 milliards d'euros» (40,7 milliards de dollars), affirme le Parti X.

Pour relancer l'économie, il propose, comme le gouvernement, d'aider les petites et moyennes entreprises, soit 99,88% des entreprises espagnoles, en relançant le crédit.

Mais il propose également de baisser la pression fiscale, de réduire les monopoles (dans l'énergie notamment) ainsi que de rediriger les aides aux grandes entreprises vers les PME.

Côté emploi, le Parti X veut instaurer un «salaire maximum inter-entreprise» qui ne peut être plus de dix fois supérieur au plus bas salaire, avec pour tous un système de primes liées à la productivité.

«Nous ne partons pas de zéro. Nous avons beaucoup discuté depuis de nombreux mois», a expliqué un autre intervenant.

Le mouvement citoyen des «Indignés», qui avait campé pendant un mois sur la place centrale de la Puerta del Sol à Madrid, était devenu le symbole d'un ras-le-bol de la classe dirigeante qui avait surpris un pays où, malgré la crise, le mécontentement s'était jusque-là peu exprimé.

Mais il avait ensuite perdu en visibilité, ses membres refusant souvent de fournir leur nom et de désigner des listes de dirigeants comme les autres partis politiques dont ils dénonçaient le fonctionnement opaque et corrompu.

«Depuis le début, l'une des demandes récurrentes était de "montrer des visages". Aujourd'hui, nous commençons à le faire avec les premiers noms de la commission anticorruption», affirme le Parti X.

Parmi eux, figure le Français Hervé Falciani, ex-informaticien de la banque HSBC Genève qui a divulgué en 2008 des fichiers bancaires permettant de découvrir des milliers d'évadés fiscaux dans le monde et menant au redressement fiscal de fraudeurs français.