Face à la surpopulation chronique des prisons en Italie, pour laquelle ce pays a été condamné par l'Europe, le président de la République Giorgio Napolitano a appelé mardi à user plus largement de l'amnistie et des remises de peine.

Dans un message lu au Sénat et à la Chambre des députés, le chef de l'État, une personnalité unanimement respectée dans la péninsule, a dénoncé la surpopulation carcérale, que son pays se doit de «faire cesser d'urgence».

«L'Italie se trouve dans une situation humiliante sur le plan international», s'est-il inquiété.

Selon M. Napolitano, en 2013, les prisons italiennes comptent 64 758 détenus pour une capacité de 47 615 places, soit un taux d'utilisation de 136%.

Pour éviter que cette situation ne perdure, des mesures «extraordinaires» doivent être prises, parmi lesquelles le recours à la dépénalisation de certains délits ainsi qu'aux assignations à résidence, a-t-il précisé.

«L'amnistie peut également être une solution, tout comme les remises de peine», a ajouté le président dans son message au Parlement, une démarche très rare en Italie.

Conscient que son appel peut faire croire qu'il est prêt à amnistier l'ancien chef du gouvernement Silvio Berlusconi - condamné définitivement à une peine de prison cet été dans une affaire de fraude fiscale -, M. Napolitano a invoqué des raisons «de civilisation et de dignité».

Le président a également insisté sur la nécessité de «modifier les conditions de vie des détenus».

«L'exécution de la peine implique le respect de quelques conditions, telles que le rapprochement du détenu du lieu de résidence de ses proches, la distinction entre ceux en attente de jugement et les condamnés, le droit à la santé et à des conditions de détention dignes», a-t-il ajouté.

Il revient au Parlement italien de transformer en loi cet appel du chef de l'État, une procédure qui dure généralement de longs mois et même davantage quand le sujet est aussi délicat.

Début janvier, l'Italie avait été condamnée par la Cour européenne des Droits de l'homme dans plusieurs affaires de détenus se plaignant de leurs conditions de détention à cause d'un «problème structurel» de surpeuplement carcéral.

Le dernier message présidentiel à avoir été lu et débattu par le Parlement italien remonte à 2002, quand le chef de l'Etat Carlo Azeglio Ciampi avait évoqué la liberté de la presse.