Nicolas Sarkozy a bénéficié lundi d'un non-lieu dans l'une des affaires judiciaires où il était mis en cause, celle concernant un éventuel «abus de faiblesse» envers Liliane Bettencourt, levant une hypothèque sur son éventuel retour en politique.

Cette décision éclaircit quelque peu l'horizon de l'ancien président de droite (2007-2012) dont le retour en politique après sa défaite contre le socialiste François Hollande en mai 2012 est de plus en plus évoqué par ses proches.

«La justice vient de me déclarer innocent dans le dossier Bettencourt», s'est félicité M. Sarkozy sur sa page Facebook, en s'en prenant «aux responsables politiques (dont il ne cite pas les noms) qui «ont utilisé cette +affaire+ et participé à cultiver le soupçon» à son encontre.

Même si son nom reste cité dans plusieurs autres dossiers, l'affaire Bettencourt était «le seul dossier vraiment brûlant», confiait sous couvert de l'anonymat un proche au Journal du Dimanche le 6 octobre. S'il s'en libérait, ajoutait ce proche, il reviendrait en politique «comme une Formule 1 qui sort des stands».

Les magistrats de Bordeaux (sud-ouest), à l'issue de leur enquête, ont finalement estimé qu'il n'y avait pas de charges suffisantes à son encontre.

Ils se sont rangés à l'avis du parquet qui avait requis un non-lieu et laissé entendre qu'il ferait appel d'un éventuel renvoi de M. Sarkozy devant le tribunal.

Les juges avaient mis en examen Nicolas Sarkozy le 21 mars, sous le soupçon d'avoir profité de la faiblesse psychique de la milliardaire des cosmétiques Liliane Bettencourt, avérée depuis septembre 2006, pour se faire remettre de l'argent destiné à financer sa campagne électorale de 2007.

À l'appui des soupçons, une ou deux visites du futur président au domicile de la milliardaire début 2007, et une mention dans le journal intime de l'artiste François-Marie Banier en avril 2007 qui fréquentait alors la vieille dame, mais aucun élément concret.

Ils ont en revanche renvoyé devant le tribunal correctionnel Eric Woerth, ex-ministre du Budget de Nicolas Sarkozy et son trésorier de campagne en 2007, ainsi que neuf autres personnes.

La concomitance de retours d'argent liquide des Bettencourt depuis la Suisse, et de rendez-vous entre l'homme de confiance de Mme Bettencourt et M. Woerth ont pesé lourd pour ce dernier. Le parquet qui avait requis un non-lieu pour lui aussi peut encore faire appel.

François-Marie Banier, auquel Mme Bettencourt a versé à plusieurs reprises de fortes sommes d'argent, reste lui aussi mis en examen. C'est la plainte contre lui de la fille des milliardaires, Françoise, fin 2007, qui a engendré l'enquête pour abus de faiblesse qui, de fil en aiguille, avait conduit jusqu'à M. Sarkozy.

Encore quatre dossiers judiciaires

Le nom de l'ancien président est cité actuellement dans plusieurs affaires judiciaires, mais il n'est pas mis en examen.

Ainsi, dans l'affaire dite de Karachi, une enquête est ouverte sur des soupçons de financement occulte de la campagne présidentielle d'Édouard Balladur, challenger de Jacques Chirac en 1995. Plusieurs proches de Nicolas Sarkozy, alors porte-parole de la campagne d'Édouard Balladur, ont été mis en examen.

Une autre enquête a été ouverte en avril, notamment pour corruption et abus de biens sociaux, après des accusations de financement de la campagne de 2007 de Nicolas Sarkozy portées par l'intermédiaire Ziad Takieddine. L'homme d'affaires franco-libanais avait affirmé détenir les preuves d'un financement par la Libye de la campagne présidentielle de M. Sarkozy, sans toutefois les fournir.

Une troisième concerne des contrats conclus, sans appel d'offres, entre l'Élysée et neuf instituts de sondage à l'époque de Nicolas Sarkozy.

Une quatrième enquête concerne la décision prise fin 2007 par son ex-ministre de l'Économie Christine Lagarde, actuelle directrice générale du Fonds monétaire international, de recourir à un arbitrage pour solder un contentieux opposant l'homme d'affaires Bernard Tapie au Crédit lyonnais sur la vente d'Adidas.

Nicolas Sarkozy avait rencontré à de multiples reprises Bernard Tapie avant et après son élection.