L'Église polonaise a rejeté jeudi une demande en justice d'indemnisation pour des actes pédophiles commis par un prêtre, la première du genre adressée à cette institution lors d'une procédure à l'amiable devant un tribunal à Koszalin, a-t-on appris auprès de la justice locale.

Un homme de 25 ans, identifié comme Marcin K., victime dans son enfance de harcèlement sexuel de la part d'un curé, avait demandé un dédommagement financier de 200 000 zlotys (65 000$ environ) à la paroisse et au diocèse. Le curé responsable de ces actes a été condamné en 2012 à deux ans de prison ferme.

«La procédure à l'amiable a échoué. Les parties ne sont pas parvenues à trouver un accord. Il reste au mandant la possibilité d'engager une procédure civile», a déclaré à l'AFP Slawomir Przykucki, le porte-parole du tribunal régional de Koszalin (nord de la Pologne).

«L'Église ne se sent pas responsable de cette affaire. Un curé agit dans sa paroisse de manière autonome. Il n'y a aucune possibilité légale de faire porter la responsabilité à la paroisse, au diocèse et à l'Église», a déclaré à la chaîne de télévision publique TVP Info Mr Krzysztof Wyrwa, représentant la partie ecclésiastique à Koszalin.

Cependant, selon Artur Pietryka, juriste de la Fondation Helsinki pour les droits de l'homme, observateur au procès, «il n'est pas possible que la hiérarchie ecclésiastique dont les organes, les paroisses et les diocèses, jouissent de la personnalité morale, échappe à la responsabilité pour les actes d'une personne qui incarne cette hiérarchie».

Le cas de Koszalin s'inscrit dans une série noire d'affaires de pédophilie au sein de l'Église en Pologne qui secouent cette puissante institution dans un pays où plus de 90% des gens se déclarent catholiques.

Le grand scandale a éclaté après la destitution par le pape François du nonce en République dominicaine, l'archevêque polonais Jozef Wesolowski, et des poursuites à l'égard d'un autre prêtre polonais, soupçonnés de délits contre des mineurs sur cette île.

Jeudi, le procureur général Andrzej Seremet a annoncé avoir demandé l'aide juridique aux autorités dominicaines pour enquêter sur cette affaire.

La semaine dernière, le secrétaire général de l'épiscopat polonais, Mgr Wojciech Polak, a qualifié la situation de «douloureuse et difficile». Il a cependant rejeté l'idée d'une indemnisation éventuelle des victimes de pédophile de la part de l'Église polonaise.