La Cour qui rejuge en leur absence l'Américaine Amanda Knox et son ex-petit ami, a ordonné lundi à Florence (Italie) de nouvelles expertises sur le meurtre de la jeune Britannique Meredith Kercher, jamais élucidé.

Il s'agit d'analyser à nouveau l'arme présumée du crime, un couteau de cuisine retrouvé chez l'ex-petit ami italien, qui comporte autant de traces de Knox (sur le manche) que de Meredith (sur la lame), et de mettre en évidence une troisième trace ADN qui avait à l'époque été déclarée trop «légère» pour être concluante.

«Nous avons besoin d'avancer sur cette preuve que constitue l'ADN... Nous voulons la vérité», a lancé l'avocat de l'Américaine, Luciano Ghirga, à l'adresse du président de la cour d'appel, Alessandro Necini, en demandant que ces analyses soient refaites.

Le tribunal florentin a également convoqué pour vendredi un certain Luciano Aviello, repenti de la mafia, actuellement en prison, qui avait accusé son propre frère de l'horrible meurtre avant de se rétracter.

Amanda Knox et Raffaele Sollecito avaient été condamnés en première instance en 2009 à 26 et 25 ans de réclusion pour le meurtre de la jeune Britannique en novembre 2007. Ils avaient été innocentés en appel en octobre 2011, mais ce jugement a été annulé par la Cour de cassation en mars dernier.

Avant le début de l'audience, l'avocat des Kercher, Francesco Maresca, a dit espérer que ce procès permette de «faire un pas vers la vérité (...) une vérité qui révèle enfin ce qui est vraiment arrivé à Meredith».

«Nous sommes convaincus de la culpabilité (de Knox et Sollecito, NDLR)», avait ajouté Me Maresca.

Dans la nuit du 1er au 2 novembre 2007, Meredith Kercher, 21 ans, avait été retrouvée, à demi nue et dans une mare de sang, le corps portant les traces de 47 coups de couteau, dans l'appartement qu'elle partageait avec Amanda Knox, une étudiante américaine, à Pérouse. L'autopsie a démontré qu'elle avait également été violée.

La Cour de cassation avait annulé l'acquittement des jeunes gens, jugeant que ce verdict comportait «de multiples contradictions et des incohérences manifestes» après un procès hautement médiatisé, notamment aux États-Unis.

Selon la Cour, les juges n'ont ainsi pas pris en compte des preuves évidentes et pas suffisamment examiné la thèse de l'accusation, selon laquelle ce meurtre barbare serait la conséquence «d'un jeu érotique qui aurait mal tourné».

La défense a toujours fait valoir que l'ADN avait été mal prélevé - les policiers avaient utilisé des gants sales - et donc inutilisable.

Luca Mauri, chargé de la défense du jeune Italien, a déploré lundi que la tache formée sur un oreiller, placé sous le corps de Meredith, par du liquide séminal, n'ait jamais été analysée, une omission «choquante alors que l'enquête s'est toujours orientée vers une "orgie satanique"».

Une trace ADN appartenant à Sollecito avait bien été récupérée sur l'attache du soutien-gorge de Meredith, mais 47 jours après le meurtre.

Amanda Knox, 25 ans, qui avait regagné dès sa libération sa ville natale de Seattle, n'a aucune intention de comparaître à ce nouveau procès.

«J'ai déjà été emprisonnée en Italie alors que je suis innocente. Je ne peux pas me résoudre à vivre de nouveau cette expérience», a-t-elle déclaré à la chaîne américaine NBC, affirmant souffrir depuis de crises de panique et de dépression.

«On m'a dépeinte comme une jeune menteuse sans scrupule, un monstre assoiffé de sexe, une meurtrière. Je ne reviendrai pas en Italie», a-t-elle affirmé, à la veille du procès, au quotidien local le Corriere Fiorentino, affirmant souffrir depuis son emprisonnement de crises de panique et de dépression.

Si Amanda Knox est à nouveau reconnue coupable et perd son procès en appel, il y a très peu de probabilité qu'elle soit extradée puis emprisonnée.

Quant à Sollecito, désormais âgé de 29 ans et qui vit actuellement en République dominicaine, sa famille a fait savoir qu'il comparaîtrait plus tard à son procès, qui doit durer plusieurs mois.

Présent à l'audience lundi, son père, Francesco Sollecito, a répété que son fils n'avait «rien à voir avec ce qui est arrivé à cette pauvre jeune fille».

La seule personne derrière les barreaux pour ce meurtre est Rudy Guede, un jeune vagabond originaire de Côte d'Ivoire, jugé séparément et condamné à 16 ans de prison.