La disparition de la petite Fiona, 5 ans, et les larmes de sa mère avaient bouleversé la France entière en mai dernier, suscitant une forte mobilisation. Quatre mois après, la mère a avoué qu'elle avait menti et que l'enfant était morte sous les coups de son compagnon.

Cécile Bourgeon, qui assurait jusqu'alors que sa fille avait disparu dans un parc de Clermont-Ferrand (centre), a craqué mercredi sous les questions de la police lors de sa garde à vue: elle a affirmé que Fiona était morte à la suite de coups infligés par son compagnon lors d'une soirée arrosée avec des amis, la veille ou l'avant-veille du 12 mai, date supposée de la disparition de la petite fille.

Le beau-père de Fiona, Berkane Maklouf, a, lui, plaidé le décès accidentel, tout en reconnaissant que «le couple avait monté un scénario», a déclaré son avocat, ajoutant que la fillette avait ensuite été enterrée près de Clermont-Ferrand.

Jeudi soir, Berkane Maklouf a été inculpé principalement pour «coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort sans l'intention de la donner» sur mineure de moins de 15 ans et par personne ayant autorité, un crime puni de 30 ans de réclusion.

Cécile Bourgeon a été inculpée de quatre délits: «non-assistance à personne en danger», «recel de cadavre», «dénonciation mensongère d'un crime» et «modification d'une scène de crime».

Tous deux ont été placés en détention provisoire.

Le procureur Pierre Sennès a précisé que les réquisitions qui ont conduit aux inculpations «s'appuyaient» sur la version livrée aux enquêteurs par Cécile Bourgeon, selon laquelle l'enfant a été «découverte morte dans son lit» au matin du 12 mai après avoir été frappée la veille par Berkane Maklouf.

Le couple, paniqué, aurait alors mis la fillette dans un sac, puis dans le coffre de leur voiture, avant d'aller l'enterrer nue à la lisière d'une forêt, en présence de sa petite soeur de 2 ans, selon le procureur.

Les recherches pour retrouver le corps de la fillette, suspendues jeudi soir, vont reprendre.

À l'époque, la mère, Cécile Bourgeon, 25 ans, avait exprimé son désespoir dans les médias, reprochant aux enquêteurs de ne pas aller assez vite pour retrouver sa fille.

La jeune femme, vêtue de noir et en larmes, avait même lancé un «appel au secours» depuis le parvis du palais de justice de Clermont-Ferrand, où elle s'était constituée partie civile.

Des groupes Facebook de soutien avaient été constitués et des marches organisées. Jeudi, le comité de soutien «Tous ensemble pour Fiona» s'est dit «écoeuré».

Le beau-père, Berkane Maklouf, a été décrit comme un «toxicomane notoire» par des jeunes de son voisinage à Perpignan. «Dès qu'il est arrivé, il cherchait de l'héroïne et demandait où on pouvait en trouver», a dit l'un d'eux à une correspondante de l'AFP.

Trois autres personnes placées en garde à vue mardi à Clermont-Ferrand ont livré des informations sur l'affaire, mais n'étaient pas présentes au moment des faits. Elles ont été remises en liberté.

Cécile Bourgeon racontait jusqu'à présent que la fillette avait disparu alors qu'elle jouait avec sa petite soeur dans un parc, sur les hauteurs de Clermont-Ferrand, et qu'elle-même, enceinte de six mois d'un enfant dont elle a accouché durant l'été, s'était assoupie.

La décision d'interpeller le couple a été prise «dès le mois de juin», mais différée en raison de la grossesse de la mère. Les enquêteurs ont attendu qu'elle récupère de la naissance de son troisième enfant, fin août, pour l'arrêter mardi avec le père du bébé, Berkane Maklouf.