«Stop au racisme, il faut réaffirmer les valeurs européennes» : dans un geste inédit, dix-sept pays ont apporté lundi leur soutien à la ministre noire italienne Cécile Kyenge, cible d'insultes racistes, à travers une «Déclaration de Rome».

Il fallait faire «quelque chose tout de suite pour dire "ça suffit, c'est inacceptable"», a expliqué à l'AFP Joëlle Milquet, vice-première ministre belge, à l'origine de l'initiative.

Depuis sa désignation au poste de ministre de l'Intégration, Mme Kyenge s'est vu notamment traiter d'orang-outang par un sénateur de la Ligue du Nord, parti opposé à l'immigration, en plus de recevoir des bananes au cours d'un rassemblement.

«Je suis très choquée, en tant que femme et démocrate, de voir qu'en 2013 on peut encore insulter une ministre légitimement élue», a réagi Mme Milquet.

Pour la vice-première ministre belge, qui est également chargée de l'Intérieur, il était «urgent de réaffirmer les valeurs de l'Europe», avant les élections européennes de mai 2014.

Devant la presse, Mme Kyenge a dit apprécier le geste de ses collègues même si le «problème ne concerne pas que moi», mais aussi «les institutions». Selon elle, son cas fait «ressortir des questions qui semblaient révolues et sont en train de ressurgir».

«L'Europe est également faite de personnes dont la couleur de peau est différente, dont l'appartenance religieuse est différente, elle est faite de gens qui sont nés à l'étranger, mais qui ont choisi ce continent», a-t-elle rappelé.

Le ministre grec de l'Intérieur Ioannis Michelakis, venu spécialement à Rome pour «soutenir la ministre», a souligné «l'engagement de (son) pays contre le racisme, la xénophobie et les discriminations». Athènes a entrepris, a-t-il rappelé, une lutte pied à pied «pour écraser le parti néonazi Aube Dorée derrière lequel se cache une organisation criminelle de type paramilitaire».

«La Grèce n'est pas un pays raciste», a-t-il souligné, appelant l'Europe à intervenir rapidement face au «malaise social créé par la crise et (à) la montée en flèche du chômage».

Mme Milquet a relevé «dans tous les pays européens, une poussée des partis d'extrême droite, qui s'assument ainsi et d'autres qui se cachent en parlant de préférence nationale ou en stigmatisant les personnes d'origine étrangère ou leur confession».

La Déclaration de Rome appelle les États membres et la Commission européenne à préparer au plus vite un «Pacte 2014-2020 pour une Europe de la diversité et de la lutte contre le racisme», qui concerne les institutions européennes, les pouvoirs publics, mais aussi la société civile.